GUÉRIR LA BLESSURE
D'ABANDON (suite)
Par DANIEL DUFOUR
Être son
propre guérisseur
La voie
médicale non institutionnelle va par conséquent s'attacher à aider la personne
souffrante à mettre en œuvre deux actes distincts mais complémentaires, qui
sont, par ordre:
1.
éteindre, c'est-à-dire faire taire son mental
pour se situer ici et maintenant;
2.
reconnaître, ressentir et exprimer ses
émotions.
Nous
aborderons ces deux volets de façon détaillée un peu plus loin, mais soulignons
déjà certains avantages de cette voie.
•
Elle responsabilise la personne face à la
maladie dont elle souffre. Ce point me semble être la particularité essentielle
de cette approche. Responsabiliser la personne revient à lui dire que sa
maladie n'est pas venue "comme ça", mais pour lui transmettre un
message, à savoir qu'elle ne s'écoute plus et ne se respecte plus depuis un
temps plus ou moins long... Dire à un être humain qu'il est responsable de son
mal-être comme de son bien-être est à mes yeux la plus grande preuve de respect
que l'on puisse lui témoigner. Cela revient à lui dire: "Tu existes. Tu as
la possibilité, le pouvoir et le droit de souffrir, de tomber malade ou de te
faire du mal, de même que tu as la possibilité, le pouvoir et le droit de ne
pas souffrir, de guérir, de bien te porter et de te faire du bien." C'est
aussi lui dire qu'il est tout-puissant vis-à-vis de lui-même et que personne
d'autre que lui ne peut guérir à sa place ou le guérir. C'est aider la personne
à retrouver sa capacité à vivre pleinement le moment présent et à retrouver son
autonomie, la maladie correspondant à une perte d'autonomie, à une démission
face à la vie et à une soumission au mental. Quant à celui qui est censé aider,
il doit faire preuve d'une grande humilité et témoigner à la personne
souffrante une profonde confiance en ses capacités à progresser vers le
mieux-être et la guérison.

•
Elle ne donne aucune prise aux médicaments,
quels qu'ils soient. Ceux-ci peuvent être employés de façon très
spécifique, pendant une courte période, afin de soulager certains maux, mais en
aucun cas ils ne sont une finalité en eux-mêmes. Les antidépresseurs et les
autres médicaments de ce type seront dans la mesure du possible évités, car ils
masquent ou diminuent la perception et le rapport aux émotions qui doivent être
ressenties et exprimées pour qu'un mieux-être apparaisse. La voie non
institutionnelle favorise le vécu des émotions bloquées par le mental. Toute
médication ou approche thérapeutique allant dans le sens contraire ne peuvent
être considérées comme valables à moyen et long terme.

•
Elle permet à la personne souffrante de se
battre pour elle-même et non contre la maladie ou contre des symptômes... C'est
une vérité absolue. Lutter contre n'est pas positif et ne devrait pas
constituer une fin en soi; lutter pour soi-même est la seule chose qui soit
réellement importante. Vivre bien et heureux ne constitue-t-il pas, finalement,
le but essentiel? L'intention qui sous-tend ce que l'on entreprend est très
importante: dans le cas d'une "lutte contre", notre intention est de
vaincre dans un combat qui nous oppose à un virus, une bactérie ou des cellules
anormales. Afin de parvenir à notre but, nous employons divers moyens qui
visent la destruction de "l'ennemi" avec tous les effets secondaires
connus, sans nous poser aucune question sur nous-mêmes et notre maladie. C'est
ainsi que l'on en arrive à de véritables contradictions: la médecine utilise
certains médicaments très puissants, bien qu'elle sache qu'ils font encourir
des risques vitaux au patient. Au contraire, si l'intention de fond est de
lutter pour soi ou pour le patient, l'approche privilégiera la personne, non le
traitement, et ce afin d'aider celui ou celle qui souffre à retrouver sa
dignité et son autonomie en tant qu'être humain à part entière. Quoi de plus
beau que cette démarche?