Après des temps de répression, le corps s'impose dans nos sociétés industrielles contemporaines comme outil de statut social. On doit rester jeune, beau, mince, sans lunettes, sans aucune ride et les dents bien blanches !
Ce qui demeure pourtant est la séparation qui existe si souvent entre la femme et son corps.
Le corps est instrumentalisé, perçu comme une matière à travailler, une possession. Alors que l'être humain se manifeste par son existence corporelle (être un corps en mouvement dans son milieu), la femme a un corps qu'elle doit constament contrôler et façonner.
Le corps reste aussi notre outil de revendication du droit d'exister. Les comportements sportifs compulsifs, la boulimie, l'anorexie, le jeunisme et le refus de vieillir… sont des comportements centrés sur l'individu, qui transforment le corps et donnent l'illusion de se re-créer soi-même.
Le fantasme du corps morcelé
Enfant, la petite fille ne vit pas son corps comme une totalité unifiée. Elle n'arrive pas à distinguer son corps de ce qui lui est extérieur. Elle le perçoit comme quelque chose de dispersé, de morcelé (comme dans la schizophrénie).
Ce qui demeure pourtant est la séparation qui existe si souvent entre la femme et son corps.
Le corps est instrumentalisé, perçu comme une matière à travailler, une possession. Alors que l'être humain se manifeste par son existence corporelle (être un corps en mouvement dans son milieu), la femme a un corps qu'elle doit constament contrôler et façonner.
Le corps reste aussi notre outil de revendication du droit d'exister. Les comportements sportifs compulsifs, la boulimie, l'anorexie, le jeunisme et le refus de vieillir… sont des comportements centrés sur l'individu, qui transforment le corps et donnent l'illusion de se re-créer soi-même.

Le fantasme du corps morcelé
Enfant, la petite fille ne vit pas son corps comme une totalité unifiée. Elle n'arrive pas à distinguer son corps de ce qui lui est extérieur. Elle le perçoit comme quelque chose de dispersé, de morcelé (comme dans la schizophrénie).
"Quand l'identité personnelle est en question à travers les remaniements incessants de sens et de valeurs qui marquent la modernité quand les autres se font moins présents, que la reconnaissance de soi fait problème, même si ce n'est pas à un niveau très aigu, il reste en effet le corps pour faire entendre une revendication d'existence". (David Le Breton.)
C'est le stade du miroir qui va mettre un terme définitif à ce fantasme et qui va permettre à l'enfant d'accéder à un vécu psychique de son corps, une représentation de son corps comme une totalité unifiée. Si le stade du miroir n'a pu se vivre pleinementm, la femme n'arrive pas à imaginer son corps comme une unité physique reliée.
Le stade du miroir se réalise avant l'acquisition du schéma corporel. Quelle est la différence entre image du corps et schéma corporel ? Le schéma corporel est une réalité de fait, constituée à partir de perceptions. L'exemple type du schéma corporel troublé est le "membre fantôme" de Schilder.
Le schéma corporel est la connaissance, la représentation, le vécu que l'enfant a de son propre corps. Il s'élabore lentement (il est achevé vers 11-12 ans) avec la maturité, représente ce qu'il vit, ce qu'il expérimente et sera indispensable à la construction de la personnalité.
L'image corporelle - l'image du corps est la conquête progressive de l'unité qui permet la maîtrise de la totalité de notre corps. L'acquisition de l'image de soi ne peut se faire que par la médiation de l'image et du regard d'autrui. Elle passe donc par le désir de l'autre et ne peut échapper aux pulsions de vie et de mort.
Un schéma corporel sain peut coexister avec une image du corps perturbée. De même, qu'un schéma corporel troublé peut coexister avec une image du corps saine.
Traditionnellement, les femmes sont élevées dans la perspective de pourvoir aux besoins d'autrui, au détriment de leurs propres besoins. Ce rôle traditionnel renvoie au modèle de la passivité, de la dépendance (aux hommes), et du sacrifice personnel. "Le plaisir de faire plaisir".
Il y a contradiction à l'heure actuelle entre des représentations et des qualités traditionnellement attribuées aux femmes, et les exigences croissantes d'affirmation de soi, de performance, de réussite et d'indépendance. Il s'agit pour les femmes de résoudre cette contradiction, de se situer entre les deux termes d'un conflit.
La mise en objet
Dans une culture marquée par les valeurs de l'individualisme, la dépendance sous toutes ses formes est fuie, considérée comme un asservissement. Les notions de liberté individuelle, de volonté personnelle et d'autonomie se sont imposées comme seules vérités. Le jugement et le sentiment personnels sont les garants de l'authenticité.
Le corps est devenu la mesure de la valeur individuelle. Il est le témoin de la maîtrise de soi, de la performance et de la compétence personnelles. La maîtrise du corps, le contrôle de son apparence renvoient à cette indispensable appropriation de soi.
Un déséquilibre dans le shéma corporel atteint les aptitudes à connaître son propre corps et à l'écouter en reconnaissant les besoins physiques, à se mettre en relation avec les autres, à s'orienter dans le temps et dans l'espace, à se latéraliser (reconnaître la droite de la gauche).
Le corps morcelé et la quête d'unité
La fragilité de l’image du corps est bien connue depuis toujours ; ainsi, dans la civilisation de l’ancienne Egypte, la légende d’Osiris qui fut découpé par Seth, son frère, en 14 ou 16 morceaux selon les versions. Isis son épouse et sœur, réussit à recoller les morceaux sauf le phallus mangé par un poisson. Isis, par son amour, recréa la partie manquante et reçut la semence d’Osiris dont naquit Horus. Ainsi, l’amour d’autrui réunifie l’être.
On retrouve aussi des corps segmentés dans des manuscrits incas, peut-être sous l’influence de drogues hallucinogènes. Ces derniers, comme leurs successeurs, inquisiteurs divers, s’acharnèrent à couper le corps des condamnés à mort jusqu’aux pratiques d’écartèlement, pas si anciennes ; dans les Etats qui utilisent encore la loi islamique traditionnelle, le voleur, par exemple est amputé d’une main, et s’il récidive, de l’autre, etc. L’imagination des juges et des tortionnaires, en matière d’amputations est sans limite pour supprimer l’unité de l’être.
« Le Corps taoïste essaie de mettre en évidence et de refléter la sacralité du corps, corps social et physique. On sait à quel point en Chine, le lien entre les deux est étroit ; la politique a une incidence directe sur la santé des gens ; quand les gens tombent malades, cela veut dire, pour eux, que le gouvernement n’est pas bon. Si le monde manque d’équilibre, et d’harmonie, les Chinois le ressentent dans leur corps et vice-versa. L’appréhension du corps est tout à fait directe et le corps est sacré » K.Schpeper
On saisit toute l’importance de cette image pour soi dans les tentatives de suicide ; on se noit plus volontiers en eau trouble qu’en eau claire transparente, car il semble que les sujets cherchent à faire disparaître le corps. Les chemins de fer japonais, à Tokyo, confrontés à une augmentation des suicides, viennent d’installer des miroirs de plusieurs mètres de long à des endroits où les suicides sur les voies sont fréquents.