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L'ÉCHO DES MURAILLES, L'ÉCHO DES ENTRAILLES. Une installation murale en pratique relationnelle de Nadia Nadege, artiste qui a permis la création de ce blogue pour un échange entre femmes vers leur meilleure conscience identitaire...
LE CORPS-MESSAGER Les Marcheurs de Vie est une autre installation en pratique relationnelle de la même artiste, qui fait suite aux poupées de tissu par des figurines de plâtre.

La Femme en Chine (2001)



Femme chinoisePas moins de 16 pays frontaliers dont l'Afghanistan, le Myanmar (ex Birmanie), le Pakistan, la Corée du Nord, pour ne citer que les plus controversés, entourent la République Populaire de Chine et témoignent, s'il le fallait, de l'importance géographique et stratégique hors du commun de ce véritable empire. 

Avec 22 provinces et 5 régions autonomes, plus que de l'entité d'une nation uni culturelle, c'est de la coexistence de plusieurs mondes hétérogènes rassemblés en un seul pays dont il est préférable d'appréhender l'existence. Et c'est autant de situations distinctes auxquelles les femmes chinoises doivent s'adapter en matière de droits et de conditions de vie.

Cette "moitié du ciel", que Mao Zedong leur avait "offert" dans un discours dithyrambique prononcé à la gloire du communisme et de l'égalité hommes/femmes n'est, aujourd'hui encore, qu'une illusion. Car, si en vertu des lois, les femmes chinoises jouissent des mêmes droits que les hommes dans les domaines de la politique, de la culture, de l'éducation, du travail, de la propriété mais aussi sur leur personne en matière de liberté, de santé, sur le plan du mariage et de la vie familiale, les mentalités n'ont certes pas vraiment évolué, la réalité restant assez éloignée de ce que promettent les textes.



Ainsi, malgré le fait que la Chine se soit gratifiée de l'adoption de plusieurs traités relatifs aux droits humains, en signant et ratifiant, entre autre au cours des 20 dernières années, la Convention contre la torture, la Convention internationale contre toute forme de discrimination raciale et religieuse, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la CEDEF - relative aux discriminations faites aux femmes - le pays est régulièrement interpellé par les ONG nationales et internationales des droits humains pour violation systématique de ces mêmes traités. 

Les cas de répressions, de tortures, de procès inéquitables, de restriction de la liberté d'information et de la presse, perpétrés par les autorités sont légion et mettent en réelle contradiction une préoccupation humaine de façade affichée au reste du monde avec la souffrance profonde d'un peuple ouvertement opprimé.

Les conditions de vie des chinoises - si elles semblent meilleures que dans les pays voisins de l'Asie - n'atteignent pas des sommets, loin s'en faut ! La politique sociale relative à la régulation des naissances a engendré des actes discriminatoires inconsidérés selon les régions et les provinces. Ainsi, comme il est de tradition en Chine, à l'instar de la plupart des pays côtoyant la pauvreté, la naissance d'un garçon est hautement préférable à celle d'une fille. 


Si cette discrimination, pouvant paraître inoffensive au premier abord, ne s'exprime que faiblement lors de la venue du premier enfant au sein d'un couple, l'autorisation accordée par le gouvernement pour l'obtention d'un deuxième enfant a des répercutions sociales dramatiques. En effet, la méthode aux ultrasons est alors largement pratiquée sur le fœtus afin de déterminer s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille. 

Dans la majorité des cas, le diagnostic annonçant une fille entraîne simultanément une demande d'avortement des parents. Cette pratique est si courante que dans la province rurale de Liaoning, on compte trois fois plus de garçons que de filles nés en seconde couche, ratio jamais atteint dans n'importe quel pays du monde, l'équilibre y étant sensiblement maintenu.

S'il n'est pas possible d'avorter, certaines filles sont directement abandonnées dans la rue - certaines sont jetées dans les fleuves - les autres, qui atteignent un âge suffisant, finissent par être renvoyées du domicile familial et, une fois sur le trottoir, soumises à l'errance, elles sont souvent récupérées pour alimenter le marché de la prostitution. 

Prises en charge par un réseau savamment organisé, elles sont acheminées vers des pays aussi divers que la Malaisie, Taiwan, l'Australie, le Japon, les Etats-Unis et le Canada. Les plaques tournantes chinoises de l'industrie du sexe sont connues pour êtres Shanghai, Hong-Kong et Guangzhou. Le Tibet fait également l'objet d'un trafic de filles qui sont, pour la plupart, mariées de force à des paysans chinois ou introduites dans un réseau de prostitution. Le gouvernement condamne cette pratique mais ne parvient pas à l'éradiquer, faute de volonté constante et de moyens déployés.

La Chine demeure un pays antagoniste en ce qui concerne sa politique égalitaire entre hommes et femmes. Professionnellement parlant, les femmes ont beaucoup de possibilités pour accéder à des postes importants aux seins des administrations, des entreprises, du parti central. 



Cependant, lorsque l'opportunité se présente, la pression de la tradition, accentuée par celle du mari - qui veut quelqu'un à la maison pour s'occuper de lui et de ses enfants - font que, dans la plupart des cas, la femme refuse la promotion sociale qui lui est proposée. 

En outre, pour peu qu'une entreprise se retrouve en difficulté, les femmes sont les premières à en subir les conséquences : diminution des salaires - déjà inférieurs à ceux des hommes pour un travail et une compétence identique - pression pour les obliger à démissionner, violences multiples d'intimidation, etc.

La violence dont elles sont l'objet n'est pas uniquement réservée au domaine professionnel. La vie privée apporte son lot d'agressions auxquelles les Chinoises sont habituées. Car pour la majorité d'entre elles, mieux vaut s'habituer et ne pas trop faire de vagues. En effet, aucune loi ne les protège de la violence domestique. Excepté quelques amendements relatifs au mariage et spécifiant que la femme mariée ne doit faire l'objet d'aucun abus, rien n'est vraiment clair en ce domaine au sein du système judiciaire. Ainsi, en dépit d'une certaine prise de conscience de l'existence de cette violence, il n'y a aucun refuge pour femmes battues qui a été créé dans les provinces les plus concernées.

Et, pour finir de noircir le tableau, ces femmes, vivant aussi bien en ville que dans les campagnes, doivent gérer une pression telle - la moindre contrariété peut se transformer en mini tragédie familiale - qu'un nombre considérable d'entre elles se suicident à l'aide de pesticides dans un geste de désespoir. Les chiffres sont alarmants : un demi millier par jour !



La discrimination peut se répandre et opérer partout dans le pays, à différents niveaux sociaux et économiques, selon les spécificités régionales. Le peuple chinois est privé de liberté, de ses droits humains fondamentaux.

Les femmes, elles, ont un poids supplémentaire considérable sur leurs épaules : celui de devoir porter "la moitié de l'enfer", cet enfer imposé par les dirigeants et les traditions ancestrales inhumaines… alors que le ciel tout entier leur appartient.