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L'ÉCHO DES MURAILLES, L'ÉCHO DES ENTRAILLES. Une installation murale en pratique relationnelle de Nadia Nadege, artiste qui a permis la création de ce blogue pour un échange entre femmes vers leur meilleure conscience identitaire...
LE CORPS-MESSAGER Les Marcheurs de Vie est une autre installation en pratique relationnelle de la même artiste, qui fait suite aux poupées de tissu par des figurines de plâtre.

Situation de la femme à Haïti

La femme, qui semble porter tout le commerce du pays sur sa tête lorsqu'on la croise sur les chemins, joue un rôle majeur dans la société haïtienne. Très libre d'allure, elle est au coeur des activités de commerce et pallie les carences du père en s'occupant, souvent seule, de l'éducation des enfants. Comme en Afrique, c'est elle qui assume toutes les responsabilités, l'homme étant souvent absent.

Les "Madam Sara" haïtiennes rappellent fort bien leurs soeurs du golfe de Guinée, les "Mamma Benz" togolaises ayant fait fortune dans le commerce du tissus. Mais en Haïti, on distingue plusieurs catégories de "Madame Sara", dont le nom vient d'un oiseau qui picore au gré de son vol comme ces commerçantes qui font la navette entre la ville et la campagne. Les plus humbles, souvent représentées dans les tableaux, sont celle qui descendent des mornes chaque jour avec des paniers de légumes sur la tête pour les vendre au marché. Une deuxième catégorie est composée de celles qui ont pu s'acheter un véhicule. Elles achètent aux paysans du coin et vont revendre au marché de la ville. Enfin, les plus aisées sont des voyageuses qui fréquent les lignes aériennes caribéennes pour ramener des produits introuvables ou hors de prix en Haïti (tissus, produits de beauté, etc...)

 
Les marchandes circulent par les chemins, on croise ses femmes altières qui se rendent à la ville ou à quelque marché isolé. Elles ont remplacés les colporteurs autrefois appelés "boîtes à dos". Au courant des Prix les plus avantageux, elles se déplacent, pour quelques gourdes
de différence, vers de lointains marchés où l'on ne peut arriver qu'à pied.
 
 
Les Madam Sara
Les plus riches possèdent ou louent de véritables caravanes dans les régions isolés
Les marchandes de légumes
Arpenter les pentes accidentées avec souvent 25 kg de légumes ou de fruits sur la tête, voilà souvent la tâche des habitants des mornes.

Plus touchée que l'homme par le phénomène d'analphabétisme, la femme poursuit moins osuvent ses études. Ce sont les femmes appartenant à l'élite intellectuelle ou économique qui ont obtenu le droit de vote en 1957. Aujourd'hui les femmes commencent à prendre conscience de leur rôle et s'organisent au sein de groupements tels que "FANM D'AYITI" (Femmes d'Haïti) ou le mouvement féministe haïtien créé au lendemain du départ de Jean-Claude Duvalier. Leur but est d'intégrer la lutte féministe dans le contexte général du retour à la démocratie, c'est-à-dire d'obtenir l'accès aux droits fondamentaux, au travail et à la santé.

La femme piliée de l'économie haïtienne, exerce tous sortes de petits métiers. Outre l'agriculture, elles sont breudeuses, couturières, femme de chambre. 

Elles sont souvent seule à faire vivre une famille entière. L'économie du pays reposent sur ces femmes de courages.
 
En ville, elles forment le bataillon de secrétaires des services publics et des entreprises privées, mais la majorité d'entre elles sont des paysannes. Poussées par la misère, elles sont maintenant de plus en plus nombreuses à venir grossir le nombre des ouvrières et des sans-emploi vivant dans les bidonvilles des principales villes. Le Code du Travail actuel assure une protection insuffisante des domestiques dont le recrutement est essentiellement féminin.


Femme iranienne condamnée à la lapidation : Carla Bruni plaide en sa faveur


  • Août 2010 - L’épouse du président français, Carla Bruni, a exprimé dans une lettre ouverte son soutien à la femme iranienne qui a été condamnée à mort par lapidation.
Carla Bruni plaide pour la femme iranienne condamnée à la lapidation
AFP
« Sachez que mon compagnon plaidera votre cause, et que la France ne vous abandonne pas », écrit Carla Bruni dans sa lettre, qui a été publiée sur le site web du philosophe français Bernard-Henri Lévy.
La femme de 43 ans, Sakineh Mohammadi Ashtiani, est condamnée à être lapidée pour avoir commis l’adultère. Elle aurait avoué avoir eu une histoire avec le neveu de son compagnon, et l’avoir aidé à assassiner ce dernier. Cependant, un avocat a affirmé que ces aveux avaient été obtenus sous la torture.
Carla Bruni a également envoyé sa lettre à toute une série d’organisations internationales et de chefs d’état pour pousser l’Iran à revenir sur ce jugement.
La condition des femmes iraniennes par Zia Oloumi, Docteur en droit : http://oloumi.jurispolis.com/zia/iran/fem_ir.htm

La femme egyptienne

Dans l'Égypte antique (wikipédia)


La place faite à la femme dans l'Égypte antique (pré-hellénistique) peut paraître surprenante de « modernité » si on la compare à celle qu'elle occupa dans une majorité de sociétés contemporaines et postérieures. Bien qu'homme et femme aient traditionnellement des prérogatives bien distinctes dans la société, il semble qu'il n'y ait pas eu de barrière infranchissable en face de celles qui désiraient s'éloigner de ce schéma. La société égyptienne reconnaît à la femme, non pas son égalité à l'homme, mais son indispensable complémentarité qui s'exprime notamment dans l'acte créateur. Ce respect s'exprime clairement dans la morale et la théologie égyptienne, mais il est certes assez difficile de déterminer son degré d'application dans la vie quotidienne des Égyptiens. On est loin de la société de la Grèce antique où la femme était considérée comme « une éternelle mineure ».

Les déesses les plus influentes sont :
  • Isis : déesse de la magie et des mystères,
  • Hathor : déesse nourricière et de l'amour,
  • Bastet : déesse protectrice du foyer,
  • Sekhmet : déesse féroce.


Parmi les femmes pharaons les plus certaines et les plus connues on peut citer :
Il faut aussi avoir à l'esprit le rôle considérable, y compris politique et diplomatique, de plusieurs grandes épouses royales :



Dans l'Égypte contemporaine (http://www.legypteantique.com/la-place-des-femmes.php)



Femme Egyptienne Femme Egyptienne

La condition des femmes reste difficile

L’Égypte continue de faire partie du sinistre peloton des pays où le droit des femmes est le moins respecté. La femme Égyptienne, au sein de toutes les dynasties qui ont régné, a toujours été celle d'une procréatrice, donnant naissance à des demi-dieux pour les besoins pharaoniques de leur époux.
Sans réelle place dans la société égyptienne, elle n'avait pour mission que de donner naissance à la descendance directe du Pharaon. Le contexte civil leur est donc peu favorable : recrudescence des mouvements fondamentalistes et du port du voile, excision… Les femmes égyptiennes sont victimes en nombre de violences conjugales - 35% des femmes mariées auraient été battues durant leur mariage, contre un chiffre, certes trop élevé, mais de 10% en France - et ce parfois pour des motifs futiles, tels que parler avec un autre homme, ou avoir répondu à leur mari.
Les violences liées à la dot, le viol conjugal - non considéré comme illégal -, mais aussi les viols, sévices et harcèlement sexuels, le proxénétisme et la prostitution forcée restent d'actualité. Ceci est d'autant plus renforcé que l'État a une législation encore trop faible pour prévenir ces abus.

Mais des progrès certains

Pour autant, de timides mais réels progrès sont en cours. Alors que l'Égypte est un des pays les plus frappés par l'excision, par exemple 3600 fillettes étaient excisées chaque jour en 1997, le gouvernement, depuis 1995, essaie de limiter ces pratiques, considérant ce rite comme dégradant.
Autre point positif, la nouvelle génération de filles ont accès au même titre que les garçons à l'éducation, permettant une certaine émancipation et de pouvoir s'exprimer plus librement. De même, le recours à la contraception est plus fréquent chez les nouvelles générations, et ainsi, moins d'adolescentes se retrouvent enceintes. Enfin, la mortalité enfantine a également diminué. Dernier aspect à souligner, des associations de femmes commencent à se mettre en place, telle que le Collectif 95, afin de défendre leurs droits.

Mais il reste encore à faire

Mais les progrès qui restent encore à faire demeurent grands. Si un vent libertaire soufflait sur les pays musulmans il y a quelques années au profit des femmes, la tendance actuelle est plutôt à un retour en arrière. Des cas de crimes d'honneur sont régulièrement rapportés, même s'ils ne sont pas fréquents. Les jeunes filles ont encore besoin de l'autorisation de leur père ou de leur frère pour voyager et les femmes, de celle de leur époux. La loi est favorable à l'égalité des sexes en regard du marché du travail et des salaires mais, en pratique, il existe toujours un écart substantiel entre la rémunération des hommes et celle des femmes... tout comme c'est aussi le cas, malheureusement, en France.

Conclusion

Lorsque l'on interroge les filles égyptiennes sur leurs désirs les plus fervents, elles expriment le souhait de la liberté à travers les tenues vestimentaires, leurs rôles dans la société, aussi bien au niveau économique que social mais surtout d'avoir, un jour, un garçon comme véritable ami !

Nadia Ferroukhi photographie les femmes

http://www.nadia-ferroukhi.com/v2a/crbst_8.html


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Le Kénya, l'Inde, la Chine... voir son site et ses reportages dans Géo. Ci-dessous quelques-unes de ses photographies les plus diffusées



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Une société matriarcale est-elle plus juste ? (extrait)

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D’autres sociétés, comme  les Iroquois, ont constitué des systèmes où les enfants appartiennent à la mère et portent le nom de la mère. Les enfants portent le nom de la mère, qui elle-même porte le nom de sa mère. Autour de ce noyau s’organise une société où la femme a plus d’importance dans la lignée. La lignée devient une référence pour le clan qui lui-même est un groupe de lignées.

Il y avait trois clans principaux chez les Iroquoiens : l’ours, le loup et la tortue. La plus vieille mère, la plus vieille ourse, la plus vieille louve ou la plus vieille tortue devient la mère du clan. Cette femme devient une référence pour le clan. Ensemble, les mères de clans vont nommer les chefs, orienter la politique et jouer des jeux politiques déterminants. Ce sont elles qui décident, mais d’une manière secrète, cachée.
Dans une société où les femmes contrôlent à la fois les enfants, les récoltes et donc l’économie, la reproduction, la politique, il reste un problème : comme la femme ne peut déléguer le pouvoir d’avoir des enfants, elle doit toujours rester près de sa progéniture, c’est-à-dire du foyer. Comment rester au foyer et dominer la vie sociale en même temps ? Voilà la grande question à laquelle toutes les sociétés matriarcales du monde ont eu à répondre. Pour contrôler les enfants et la maison, il leur a fallu éloigner le géniteur, dévaloriser le père biologique.
Mais en même temps, il a fallu chercher un autre homme pour prendre la responsabilité des enfants, un homme moins dangereux, qui appartient à la famille. Il faut dire que chez les Iroquois, on n’épouse pas une personne de son propre clan : une femme ourse n’épousera pas un homme ours, c’est interdit. Il lui faut trouver un homme loup ou tortue. L’autre homme responsable des enfants sera donc le frère de la femme. Il n’est pas dangereux : il est de la famille. Le frère va donc s’occuper des enfants de sa sœur. Ce père est un père culturel et il est plus important que le père biologique. Bien sûr, le père biologique aime ses enfants, mais il apprend à aimer ceux que sa culture lui impose, les humains sont des êtres culturels. Voilà comment les femmes iroquoises protégeaient leur pouvoir domestique et politique.
L’autre façon de protéger ce pouvoir est d’éloigner les géniteurs et les hommes de façon générale. Les femmes faisaient les enfants, mais elles étaient aussi gardiennes des graines et des semences. Elles connaissaient l’agriculture. La relation entre les femmes et l’agriculture est très ancienne ; faire de l’agriculture, c’est aussi faire de la reproduction. Il a donc fallu inventer un rôle pour les hommes. On en a fait des voyageurs, des commerçants. A eux de faire des échanges commerciaux ! A cette fonction économique s’est ajoutée une fonction politique, celle de faire la guerre. Les guerriers sont de plus en plus rentrés dans un rituel d’égalisation : les autres ont tué quelqu’un de chez nous, il faut tuer quelqu’un de chez eux. De plus, il faut protéger le territoire, établir des routes pour le commerce et les protéger. Résultat ? L’homme est pratiquement toujours absent. Il revient pour se reproduire, mais la plupart du temps, il est au loin. Ce monde est divisé en deux : un monde de femmes, établi dans la continuité, dans la « longue maison », et un monde d’hommes en voyage. (…)
L’homme iroquoien avait une femme qui était sa femme, ils se mariaient. Selon les ethnographies de la vie quotidienne, les hommes étaient très actifs, souvent en voyage et peu « à la maison ». L’univers domestique n’était pas celui de la famille nucléaire que nous connaissons, avec papa-maman-enfants. Il était construit autour de maisons communales, de maisons claniques. Le père était avec son clan, en voyage, pour le commerce et la guerre. Et quand il rentrait chez lui, il habitait dans la maison de son clan, qui n’était pas la maison de sa femme, puisqu’elle appartenait à un clan différent. Il vivait donc dans la maison de sa sœur, la maison de sa mère. Mais pour la reproduction, les rencontres étaient très rapides, il n’y avait pas d’intimité prolongée pour faire des enfants. Les rituels de reproduction n’étaient pas très sophistiqués, ils étaient rapides et pouvaient se pratiquer n’importe où. Dans les sociétés iroquoiennes d’il y a 300 ou 500 ans, on ne pouvait imaginer une vie quotidienne en face-à-face constant. Du temps des « longues maisons », ces maisons vraiment claniques, ces foyers féminins où l’on vivait entre femmes du même clan, les hommes ne pouvaient pas entrer à l’improviste. Ils n’étaient pas chez eux
Une société matriarcale est-elle plus juste ? Pierre Bouchard (dans La planète des hommes. Mario Proulx. Bayard Canada, 2005, pp. 14-16 et 18-19)  L’auteur est diplômé en anthropologie des Universités Laval de Québec et McGill de Montréal. Il est spécialiste des questions amérindiennes.

Les Mosuo, une société matriarcale vivante

Les Mosuo sont une minorité ethnique non-Chinoise vivant dans les limites de la Chine. Ils sont considérés comme étant par les anthropologues chinois comme une société matriarcale, parce qu'ils vivent toujours selon les modèles de matrilinéarité et du matrilocalité. 
Ils occupent la vallée entière entourée par les hautes montagnes, dont une s'appelle « Gun mu" montagne mère", la déesse protectrice des Mosuo. Toutes les personnes de chaque clan-maison ont le nom de la femme la plus âgée, la mère du clan. 
Les noms, aussi bien que la propriété commune de la maison et de la terre, sont exclusivement hérités par la lignée femelle. À environ treize ans, après la cérémonie d'initiation, les filles sont considérées comme les membres à part entière du clan et ont la clef de leur propres chambre.



En 1993, 
Heide Goettner-Abendroth a organisé une expédition de recherches en Chine, ainsi qu'un groupe d'étudiants de son académie HAGIA, pour visiter la société Mosuo. Son but était examiner et corriger ses résultats théoriques au sujet de la structure des sociétés matriarcales en observant un exemple vivant. 

Les Mosuo sont une minorité ethnique non-Chinoise vivant dans les limites de la Chine. Leur patrie se trouve sur les frontières des provinces de Yuennan et de Szetchuan, pas loin du Tibet. L'anthropologue Wang Shu Wu a conduit la première recherche sur les Mosuo en 1954. Plus tard, l'éthnologue féministe 
Yan Ruxian (1980) a fait également des travaux sur le terrain. Les Mosuo sont considérés comme étant matriarcaux par les anthropologues Chinois, parce qu'ils vivent toujours selon les modèles de matrilinéarité et du matrilocalité. 

Après cinq jours de voyage difficile dans les montagnes, ils ont atteint le lac Lugu et la plaine de Yong Ning. Le lac Lugu est de beauté stupéfiante. Il occupe la vallée entière et est entouré par les hautes montagnes, dont un s'appelle le Gun mu, "montagne mère", la déesse protectrice des Mosuo. Au delà des montagnes nous pourrions voir certaines des crêtes couvertes de neige du Thibet. Dans la langue du Mosuo, le lac Lugu s'appelle Shinami, qui veut dire le "lac Mère"; Shinami est une déesse, aussi. Ici, à une altitude de presque 3000 mètres, les Mosuo vivent du jardinage et de la pêche dans leur lac sacré. 


Les maisons et les basse-cours des Mosuo sont construites d'une solide manière, construite avec des poutres faites de troncs entiers des arbres. Les forêts antiques cependant, ont disparu du paysage en raison du coupage à blanc dévastateur exigé par le gouvernement chinois de Beijing. La destruction continue de leur environnement est un des grands problèmes politiques des Mosuo aujourd'hui. 


Malgré leur vie dure en tant que les femmes paysannes et pêcheurs, les Mosuo sont un peuple cultivé. Leur costume de fête traditionnel est fait de velours et soie, qui transforme chaque jeune femme en princesse. Les couleurs traditionnelles de ces costumes sont blanc (la longue jupe faite de soie), rouge (la veste de velours), et noir ( de cheveux). Les variations de ce costume indiquent l'âge et le statut d'une femme. 


Les femmes plus âgées sont habillées exclusivement dans les vêtements de travail de toile foncée; elles sont les matriarches, les femmes les plus puissantes dans la communauté. S'habiller dans des couleurs lumineuses, en tant que jeunes femmes , ne seraient pas conformes leur dignité, nous ont-elles dit. Le costume des hommes est plus simple. Ils portent des chapeaux semblables à ces utilisés par les cowboys Americains et montent de petits chevaux mongols. Par conséquent, le Chinois les ont dédaigneusement appelés Mosuo, qui signifie "cowboys." Pendant les milliers d'années d'expansion de l'empire patriarchal chinois, les Mosuo ont été traités aussi brutalement que l'ont été les Indiens nord-américains. Les Mosuo et d'autres groupes ethniques non-Chinois marginalisés ont pu s'appeler les Indiens de la Chine. 

Pourquoi les Mosuo sont-ils si intéressants pour beaucoup d'anthropologues : est-ce leur société matriarcale ? La majorité des Mosuo vivent encore selon les modèles de la matrilinéarité et de matrilocalité dans des grandes maisons- clans qui sont construites dans une place. Toutes les personnes dans chaque maison-clan ont le nom de la femme la plus âgée, la mère du clan. Ces noms sont, par exemple: "mère tigre," "mère serpent," "mère puma," "mère arbre," et ainsi de suite. Les noms, aussi bien que la propriété commune de la maison et de la terre, sont exclusivement hérités par la ligne femelle. 



Les femmes de cette génération ont entre soixante et quatre-vingts ans. Goettner-Abendroth et son groupe ont visité une maison-clan, dans laquelle l'ancienne matriarche, maintenant retirée, se consacre au culte des ancêtres, dans la ligne femelle. Elle a un rapport vif avec eux. Chaque jour elle les salue et leur parle comme si elles étaient encore vivantes. Elle entretient leurs repas quotidiens de farine et de grains, et en retour, les mortes donnent leur bénédiction aux membres vivants du clan. 


Les femmes de la deuxième génération ont entre quarante et soixante ans. Une femme d'un groupe de soeurs a été choisie par les membres clan pour être la matriarche. Avec l'aide de ses soeurs, elle s'inquiète des affaires sociales,économiques et de la maison-clan. Elle est l'administratrice de toutes les possessions du clan: la maison, les champs, les animaux et la nourriture domestique, aussi bien que les chevaux, qui sont la plupart du temps employés par les hommes du clan, ses frères et les fils.
Toutes les marchandises sont remises en ses mains: les récoltes des champs, les fruits des jardins, les poissons et les animaux chassés - également les marchandises et l'argent qui ont été gagnés par les hommes par le commerce de longue distance à l'aide des caravanes à cheval.
Elle est également la distributrice de ces marchandises, s'inquiétant du bien-être de chaque membre de la famille étendue. Elle programme le travail agricole, agit en tant qu'hôte pour les invités, et est la prêtresse de la maison-clan pendant les cérémonies importantes de famille, comme la fête de d'initiation des filles et les cérémonies funèbres pour les défunts.
Son frère, choisi pour être le représentant du clan, l'aide en organisant les affaires extérieures, qui impliquent la communication avec les voisins et la planification du travail des hommes. 



Les femmes de la troisième génération ont entre treize et quarante ans. À environ treize ans, après la cérémonie d'initiation, les filles sont considérées comme membres à part entière du clan et ont la clef de leur propre chambre. Cette jeune génération des femmes effectue le travail dur dans les domaines et les jardins. Elles sont également occupées avec l'amour, la grossesse, et la maternité. Leur coutume traditionnelle devait avoir le mariage mutuel entre deux clans, mais cette forme a cessé d'exister. Aujourd'hui, chaque femme choisit ses amoureux comme elle souhaite. Des liaisons amoureuses sont facilement commencées et facilement interrompues sans problèmes pour la jeune femme et ses enfants parce qu'elles sont toutes à la maison dans la maison des grand-mères. 


Une fois par an, les jeunes de la région vont à un pélerinage à leur montagne sacrée. Là, ils ont un festival de danse pour honorer la « Gan mu » en tant que grande déesse de l'amour. À cette occasion, les jeunes femmes choisissent un nouvel amoureux parmi les jeunes hommes. Les hommes ne font pas le choix eux-mêmes. 


L'amoureux élu a le droit de visiter son amour la nuit dans sa chambre privée dans la maison du clan de celle-ci. Mais le matin suivant à l'aube il doit la laisser parce qu'il n'a aucun droit de vivre avec elle, ni pour pour manger là. La coutume est que chaque personne mange où elle (ou lui) travaille. L'homme travaille dans la maison de sa mère, où il est à la maison. Ainsi, chaque soirée les frères partent de la maison clan et les amoureux entrent, et chaque matin les amoureux partent et les frères reviennent. C'est le mariage matriarcal de visite classique, qui existe toujours parmi les Mosuo. Un homme Mosuo a ses droits et devoirs dans la maison de sa mère, pas dans la maison de son amour, où il est seulement un invité. 

Les enfants appartiennent exclusivement à la mère et à son clan. Les frères des jeunes femmes prennent soin des nièces et des neveux, qui sont considérés comme leurs enfants, aussi, parce qu'ils partagent le même nom de clan. Les oncles des enfants accomplissent le rôle de la paternité sociale, qui est typique des sociétés matriarcales. La paternité biologique ne semble aucunement raisonnable aux Mosuo, socialement ou religieusement.
Les enfants composent la quatrième génération et sont considérés comme des ancêtres renaissant dans leur propre clan. Les enfants viennent du royaume des ancêtres, pas d'un homme des autres clan; donc ils sont sacrés. 


Cette croyance dans la renaissance directe est la base dans la religion matriarcale, et la vénération des ancêtres fait partie de cette croyance. Les ancêtres, dont le souvenir est conservé, reviendront bientôt en tant que petits enfants. Car un enfant grandit, les membres du clan identifieront des similitudes avec un parent décédé. À la cérémonie d'initiation de l'enfant, son nom est donné à l'enfant. Cette cérémonie, à laquelle le jeune devient un membre à part entière du clan, est particulièrement célébrée pour les filles. À ce moment-là, on donne à la fille le costume et le nom d'une ancêtre qui, à partir de ce moment, est considéré comme entièrement réincarnée en elle. Par conséquent, la cérémonie d'initiation est considérée comme le grande fête de la renaissance pour les Mosuo (pas la naissance d'un enfant réel). Quand une vieille femme meurt, le costume d'initiation d'une fille de treize, ainsi que la nourriture et la boisson, sont posés près de son cercueil pendant sa cérémonie funèbre. Les Mosuo disent : "elle reviendra en tant que jeune fille." 


La religion antique des Mosuo, la strate matriarcale, centre sur leur croyance dans la divinité de la nature. Ceci le plus directement est exprimé par la vénération de « Gan mu » la montagne sacrée, qui est considérée comme la déesse de l'amour, et Shinami, le lac sacré, vu en tant que déesse-mère. La nature est considérée comme femelle, comme la grande Créatrice. Les couches postérieures et patriarcales de la religion, auxquelles elles ont été soumises, n'ont pas réussi supprimer ces croyances de base. 



Quand les Tibétains les ont conquis, les Mosuo ont été forcés d'adopter Lamaïsme, la variation tibétaine du Bouddhisme. Mais, selon le mythe, « Gan mu » est devenue furieuse parce que les Lamas n'ont pas respecté la mère et son utérus qui donne la vie. Elle est allée à Lhasa lutter contre les nouveaux dieux bouddhistes et a réussi. Par conséquent, « Gan mu » a été intégré dans le panthéon bouddhiste.

Ce mythe reflète un compromis historique entre le indigènes Mosuo et les règles des Tibétains. Sous le déguisement de la religion syncrétique, on a permis aux Mosuo de continuer la vénération pour leur « Gan mu » déesse jusqu'à aujourd'hui. Plus tard, leur région a été conquise par les armées des empereurs de la Chine et est devenue une partie de l'empire chinois. Mais jusque maintenant les Mosuo n'ont pas adopté le modèle chinois patriarcal, et dans leur région éloignée, ils ne pourraient pas être forcés à le faire. 

À l'heure actuelle, les Mosuo sont sous la pression due au développement moderne de la Chine. Leur culture antique est menacée par l'exploitation continue de leur environnement. Des routes sont construites, l'électricité installées, et la beauté du lac Lugu et "les femmes matriarcales Mosuo" sont lancées sur le marché pour le tourisme chinois. 


Cependant, les Mosuo n'ont pas renoncé. Actuellement, ils luttent pour être reconnus en tant que minorité nationale par le gouvernement chinois. Ce statut leur donnerait plus d'autonomie pour résoudre ces problèmes dangereux par eux-mêmes.

Texte original : http://www.matriarchy.info/index.php?option=com_content&task=view&id=5&Itemid=26

Drane, la femme qui s'est convertie en homme

Pierre Glachant
Agence France-Presse
Shkodra
Drane, la femme qui s\'est «convertie en homme»
Drane Markgjoni est l'une des dernières «vierges» d'Albanie, es femmes que la coutume ou les circonstances contraignaient autrefois à assumer le rôle d'un homme.
Drane Markgjoni est l'une des dernières «vierges» d'Albanie, ces femmes que la coutume ou les circonstances contraignaient autrefois à assumer le rôle d'un homme et à être considérées comme des hommes par leur entourage et la société.
Dans son modeste logis à Shkodra, au nord de l'Albanie, où les images pieuses côtoient les photos de proches aujourd'hui disparus, Drane déclare n'avoir «aucun regret».
«Ma vie a été une vie de chien», concède pourtant cette femme de 87 ans, ne sachant ni lire ni écrire, dont le regard clair s'embue l'espace d'un instant.
Mais le sourire reprend vite le dessus pour évoquer son destin, celui d'une personne ballottée depuis la naissance entre le poids de la tradition et les exactions du pouvoir communiste d'Enver Hoxha.
Drane reste alerte. Cheveux blancs et courts, vêtue d'un pantalon rustique et d'un blouson sombre, elle se protège du froid comme elle peut dans sa demeure glaciale.
Drane est née à Bajram Curri, dans le nord. Elle est destinée dès le berceau à un homme, comme cela était fréquent à l'époque. Mais le jour du mariage, en 1949, le mari s'enfuit en Yougoslavie. Quelques heures plus tard, la police arrête tous les hommes de la famille.
Drane se retrouve seule, avec les femmes et les enfants de la famille de son mari. Elle explique que le mariage n'a pas été consommé.
C'est alors qu'elle décide de «se convertir en homme» pour assumer désormais «le rôle de l'homme de la maison», comme le prévoyait la tradition.
Par cette décision, elle renonce pour toujours à être une femme comme les autres, à avoir un autre compagnon, des enfants et bien sûr à la sexualité.
«Je n'avais pas le choix», dit-elle. Drane va être déportée dans le sud du pays, avec les femmes et les enfants de son mari de quelques heures.
Drane, la femme qui s\'est «convertie en homme»
Dans son modeste logis à Shkodra, au nord de l'Albanie, où les images pieuses côtoient les photos de proches aujourd'hui disparus, Drane déclare n'avoir «aucun regret».
PHOTO: AFP
Pendant douze ans, elle va partager la vie des hommes sur les chantiers, portant des sacs de ciment et même dormir avec eux dans les dortoirs, sans être importunée.
Car une «vierge», comme on appelle en Albanie ces femmes qui ont décidé d'être l'homme de la famille, de côtoyer les hommes dans les tâches les plus dures, bénéficie du respect de tous, un tel choix étant considéré comme le «sacrifice suprême», souligne Afërdita Onuzi, de l'Institut d'anthropologie de Tirana.
Selon elle, les derniers cas de femmes ayant décidé de devenir des «vierges» remontent aux années soixante.
Le phénomène existe également au Kosovo, précise l'ethnologue, et concerne aussi bien des familles chrétiennes que musulmanes. Le pouvoir communiste a réussi à éradiquer pratiquement cette coutume. Elle évalue à moins d'une dizaine le nombre de «vierges» vivant encore en Albanie.
Deux cas étaient possibles pour devenir une «vierge», poursuit Afërdita Onuzi. Soit une fille décidait d'assumer les fonctions de l'homme lorsque tous les mâles de la famille étaient morts. Ou bien une jeune fille décidait de devenir une «vierge» pour éviter le mariage avec un homme qui lui était destiné depuis le berceau.
Mais il appartenait alors à l'oncle de la jeune femme de parlementer avec la famille du «fiancé» éconduit pour trouver un arrangement. Et si les raisons de refuser le mariage n'étaient pas considérées comme valables, la famille de la jeune fille devait livrer à celle du «fiancé» une balle pour la tuer, poursuit l'ethnologue.
«Rester sans mari, c'est ça la force de caractère! Il faut être très décidée», lance Drane.
«Autrefois, on pouvait faire confiance aux hommes, voyager avec eux. Mais maintenant, la femme est considérée comme un objet. Et les femmes pensent à harceler les hommes!"
Drane est habitée par une foi profonde. Elle frôle de la main les images pieuses au-dessus de son lit et murmure: «Ce sont eux qui m'ont donné la force».