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L'ÉCHO DES MURAILLES, L'ÉCHO DES ENTRAILLES. Une installation murale en pratique relationnelle de Nadia Nadege, artiste qui a permis la création de ce blogue pour un échange entre femmes vers leur meilleure conscience identitaire...
LE CORPS-MESSAGER Les Marcheurs de Vie est une autre installation en pratique relationnelle de la même artiste, qui fait suite aux poupées de tissu par des figurines de plâtre.

Le corps morcelé et l'identité en morceaux

Après des temps de répression, le corps s'impose dans nos sociétés industrielles contemporaines comme outil de statut social. On doit rester jeune, beau, mince, sans lunettes, sans aucune ride et les dents bien blanches !

Ce qui demeure pourtant est la séparation qui existe si souvent entre la femme et son corps.

Le corps est instrumentalisé, perçu comme une matière à travailler, une possession.  Alors que l'être humain se manifeste par son existence corporelle (être un corps en mouvement dans son milieu), la femme a un corps qu'elle doit constament contrôler et façonner.

Le corps reste aussi notre outil de revendication du droit d'exister. Les comportements sportifs compulsifs, la boulimie, l'anorexie, le jeunisme et le refus de vieillir… sont des comportements centrés sur l'individu, qui transforment le corps et donnent l'illusion de se re-créer soi-même.


Le fantasme du corps morcelé

Enfant, la petite fille ne vit pas son corps comme une totalité unifiée. Elle n'arrive pas à distinguer son corps de ce qui lui est extérieur. Elle le perçoit comme quelque chose de dispersé, de morcelé (comme dans la schizophrénie).

"Quand l'identité personnelle est en question à travers les remaniements incessants de sens et de valeurs qui marquent la modernité quand les autres se font moins présents, que la reconnaissance de soi fait problème, même si ce n'est pas à un niveau très aigu, il reste en effet le corps pour faire entendre une revendication d'existence". (David Le Breton.)

C'est le stade du miroir qui va mettre un terme définitif à ce fantasme et qui va permettre à l'enfant d'accéder à un vécu psychique de son corps, une représentation de son corps comme une totalité unifiée. Si le stade du miroir n'a pu se vivre pleinementm, la femme n'arrive pas à imaginer son corps comme une unité physique reliée.

Le stade du miroir se réalise avant l'acquisition du schéma corporel. Quelle est la différence entre image du corps et schéma corporel ? Le schéma corporel est une réalité de fait, constituée à partir de perceptions. L'exemple type du schéma corporel troublé est le "membre fantôme" de Schilder.

Le schéma corporel est la connaissance, la représentation, le vécu que l'enfant a de son propre corps. Il s'élabore lentement (il est achevé vers 11-12 ans) avec la maturité, représente ce qu'il vit, ce qu'il expérimente et sera indispensable à la construction de la personnalité.

L'image corporelle - l'image du corps est la conquête progressive de l'unité qui permet la maîtrise de la totalité de notre corps. L'acquisition de l'image de soi ne peut se faire que par la médiation de l'image et du regard d'autrui. Elle passe donc par le désir de l'autre et ne peut échapper aux pulsions de vie et de mort.

Un schéma corporel sain peut coexister avec une image du corps perturbée. De même, qu'un schéma corporel troublé peut coexister avec une image du corps saine.


Paradoxe de l'identité féminine

Traditionnellement, les femmes sont élevées dans la perspective de pourvoir aux besoins d'autrui, au détriment de leurs propres besoins. Ce rôle traditionnel renvoie au modèle de la passivité, de la dépendance (aux hommes), et du sacrifice personnel. "Le plaisir de faire plaisir".

Il y a contradiction à l'heure actuelle entre des représentations et des qualités traditionnellement attribuées aux femmes, et les exigences croissantes d'affirmation de soi, de performance, de réussite et d'indépendance. Il s'agit pour les femmes de résoudre cette contradiction, de se situer entre les deux termes d'un conflit.

La mise en objet

Dans une culture marquée par les valeurs de l'individualisme, la dépendance sous toutes ses formes est fuie, considérée comme un asservissement. Les notions de liberté individuelle, de volonté personnelle et d'autonomie se sont imposées comme seules vérités. Le jugement et le sentiment personnels sont les garants de l'authenticité.

Le corps est devenu la mesure de la valeur individuelle. Il est le témoin de la maîtrise de soi, de la performance et de la compétence personnelles. La maîtrise du corps, le contrôle de son apparence renvoient à cette indispensable appropriation de soi.

Un déséquilibre dans le shéma corporel atteint les aptitudes à connaître son propre corps et à l'écouter en reconnaissant les besoins physiques, à se mettre en relation avec les autres, à s'orienter dans le temps et dans l'espace, à se latéraliser (reconnaître la droite de la gauche).
Le corps morcelé et la quête d'unité

La fragilité de l’image du corps est bien connue depuis toujours ; ainsi, dans la civilisation de l’ancienne Egypte, la légende d’Osiris qui fut découpé par Seth, son frère, en 14 ou 16 morceaux selon les versions. Isis son épouse et sœur, réussit à recoller les morceaux sauf le phallus mangé par un poisson. Isis, par son amour, recréa la partie manquante et reçut la semence d’Osiris dont naquit Horus. Ainsi, l’amour d’autrui réunifie l’être.

On retrouve aussi des corps segmentés dans des manuscrits incas, peut-être sous l’influence de drogues hallucinogènes. Ces derniers, comme leurs successeurs, inquisiteurs divers, s’acharnèrent à couper le corps des condamnés à mort jusqu’aux pratiques d’écartèlement, pas si anciennes ; dans les Etats qui utilisent encore la loi islamique traditionnelle, le voleur, par exemple est amputé d’une main, et s’il récidive, de l’autre, etc. L’imagination des juges et des tortionnaires, en matière d’amputations est sans limite pour supprimer l’unité de l’être.

« Le Corps taoïste essaie de mettre en évidence et de refléter la sacralité du corps, corps social et physique. On sait à quel point en Chine, le lien entre les deux est étroit ; la politique a une incidence directe sur la santé des gens ; quand les gens tombent malades, cela veut dire, pour eux, que le gouvernement n’est pas bon. Si le monde manque d’équilibre, et d’harmonie, les Chinois le ressentent dans leur corps et vice-versa. L’appréhension du corps est tout à fait directe et le corps est sacré » K.Schpeper

On saisit toute l’importance de cette image pour soi dans les tentatives de suicide ; on se noit plus volontiers en eau trouble qu’en eau claire transparente, car il semble que les sujets cherchent à faire disparaître le corps. Les chemins de fer japonais, à Tokyo, confrontés à une augmentation des suicides, viennent d’installer des miroirs de plusieurs mètres de long à des endroits où les suicides sur les voies sont fréquents.


Rendre témoignage et célébrer tous les jours

AFRIQUE DU SUD, AOUT 2010
By Kristin Palitza, freelance writer and editor http://www.kristinpalitza.com/


"J’avais depuis quelques années une grosseur dans le sein, que j’ai ignorée [principalement parce qu’elle] ne faisait pas mal", déclare Tracey Derrick.

Lorsqu’elle est allée enfin voir un docteur pour une biopsie, elle a eu un grand choc. Le résultat était positif: un cancer de sein.

Cette mère de deux enfants, âgée de 49 ans, originaire de Malmesbury, une petite ville de la province du Cap Ouest en Afrique du Sud, devrait se faire enlever chirurgicalement une tumeur – et son sein droit -, et subir une chimiothérapie. Mais elle a été aussi chanceuse: le cancer n’avait pas encore gagné son corps.

En Afrique du Sud, une femme sur neuf souffre du cancer de sein, selon l’Organisation mondiale de la santé. Dans la plupart des cas, les tumeurs sont diagnostiquées tardivement parce que la plupart des sud-africains comptent sur les services d’un système surchargé de soins de santé publique qui n’offre pas des examens médicaux pour le cancer de sein, y compris les mammographies, dans le cadre des services de prévention de routine.

Comme elle n’a pas eu d’assistance médicale, Derrick s’est bientôt retrouvée en train d’essayer de naviguer dans un système de soins de santé inefficace et de déchiffrer le jargon médical sur le cancer de sein.

Mais la photographe documentaire s’est vite rendue compte qu’elle avait un instrument spécial pouvant l’aider à faire face à sa maladie. Elle a retourné son appareil photo sur elle-même et a commencé par faire un reportage sur chaque étape de sa maladie et du processus de guérison.

Le résultat est une série de photos désolantes mais jolies, qui montrent le corps de Derrick avant et après l’opération. Il illustre le traumatisme de la perte de ses cheveux à cause de la chimiothérapie, des choix qu’elle a dû faire entre les prothèses mammaires et les implants, et la façon dont elle s’est occupée de ses enfants pendant sa maladie.

"Les questions sociales sont au centre de ma photographie", déclare Derrick qui, par le passé, a pris des photos sur des femmes prisonnières, des travailleuses de sexe et des travailleurs agricoles.

Les photos de Derrick sont exposées dans le cadre du festival de photographie Bonani Africa 2010: "Au-delà des apparences raciales – Les intrigues de la photographie documentaire sud-africaine, passé et présent", qui s’est ouvert le 18 août à 'Castle of Good Hope' au Cap.

Les images de Derrick seront affichées avec le travail de 53 autres photographes documentaires de l’Afrique du Sud, du Mozambique, de la Sierra Leone et de la Namibie. Les images portent sur plusieurs questions sociales, y compris la pauvreté, le chômage, les droits fonciers, l’éducation, la xénophobie, le VIH, et la violence.

Derrick déclare qu’elle n’a pas fait le reportage de sa vie avec le cancer de sein uniquement dans son propre intérêt. Elle veut également sensibiliser et éduquer d’autres femmes – et hommes – sur le cancer de sein et ce qu’il représente pour la sexualité, la féminité et l’identité des femmes.

A cause des images médiatiques de "femme parfaite" dont les consommateurs sont assaillis quotidiennement, la perte des seins et des cheveux affecte extrêmement d’habitude l’image que la femme a d’elle-même, remarque Derrick.

"La publicité nous raconte qu’une femme sans cheveux ou avec un seul sein ne peut pas être perçue comme étant belle. Les femmes ont le sentiment que le cancer leur prend leur féminité".

A travers la photographie courageuse et osée de son propre corps marqué par le cancer, Derrick espère que les spectateurs se rendront comptent de ce que la maladie fait partie de notre réalité et que les malades de cancer sont des "personnes normales".

"Mes images visent à donner un équilibre aux images de femmes que nous voyons dans les médias. J’introduis la réalité et je retire le blâme et le jugement", explique-t-elle.

Avec son exposition, elle veut également attirer l’attention des décideurs et des responsables du gouvernement dans l’espoir de les voir prioriser la prévention du cancer de sein et de rendre disponibles plus de ressources pour la prévention et le traitement.

"A travers les photos, je veux créer un débat public qui, nous espérons, résultera en davantage de soutien aux femmes", déclare Derrick. "Nous avons besoin de beaucoup plus d’éducation, concernant non seulement le cancer de sein lui-même, mais également les méthodes faciles de prévention, comme l’autopalpation".

Le cancer de sein est souvent mortel parce que la plupart des gens pensent que ça n’arrive qu’aux 'autres'. "La détection précoce est si importante. Je ne suis pas allée faire de réguliers examens, et je sais que la plupart des femmes ne le font pas. Le cancer de sein demeure une question taboue dans notre société. On n’en parle jamais", explique Derrick. Sa photographie vise à briser ce tabou.

"La photographie documentaire a un important rôle à jouer dans la société. Non seulement elle témoigne de ce qui se passe dans un pays, mais aussi est-elle en train de mobiliser pour un changement", remarque Omar Badsha, directeur du festival Bonani et fondateur de 'South African History Online'(Histoire de l’Afrique du Sud en ligne), un projet non partisan sur l’histoire du peuple, qui a organisé l’exposition.

Badsha déclare que toutes les contributions à l’exposition de Bonani, qui est suivie d’une conférence de trois jours sur la photographie, abordent des questions centrées sur la démocratie et remettent en cause l’état actuel de cette dernière. "Les photos que nous avons sélectionnées ravivent la critique sociale, enrichissent la compréhension sur les questions sociales et favorisent la réflexion des spectateurs", explique-t-il.

Comme Derrick, il croit fermement que la photographie documentaire peut contribuer au changement social: "Nous espérons créer une plateforme de dialogue et provoquer un débat continuel dans le pays qui va motiver les citoyens ordinaires à faire pression pour un changement dans les politiques et les actions de l’Etat".

Badsha a aussi promis qu’après l’exposition de 'Castle of Good Hope', les photos seront mises à la disposition des écoles, des organisations de la société civile et des ministères du gouvernement pour un travail d’éducation et de plaidoyer.

"La représentation d’une question sociale peut avoir un impact énorme. Les images peuvent surmonter les barrières sociales et linguistiques".


Tracey DerrickBorn: Kesteven, England, 1961. Lives and works in Malmesbury, Cape Town. Received her BA and Higher Diploma in Education from University of Cape Town.Trained in photographic printing, 1989, at the School of Visual Arts, New York, and in 2009 she received her post graduate Diploma in Art from Michaelis School of Fine Art, Cape Town. Awards and scholarships: Assistance from Mayibuye Centre, UWC and Format in London, 1994: Funding from Kodak, USA, 1999:Pik n’ Pay, 2006 to train women inmates at Malmsbury Prison. Exhibitions: 1995, Picture Cape Town, Landmarks of a New Generation with Michaelis School of Fine Art and Getty Foundation. Collection: Iziko National Gallery. She was nominated as one of 100 photographers worldwide by Phaidon Press, London.

SILENCE ET PAROLE de Djoher Amhis (Algérie)




Ne m'enfermez plus dans le passé colonial
Laissez-moi danser sans me dire que c'est de l'exhibitionnisme
Laissez-moi exprimer mes idées sans me parler de l'aliénation
Laissez-moi parler de moi, sans me dire : c'est tabou
Laissez-moi parler de mon pays sans me dire que c'est de l'exotisme
Laissez-moi ! Laissez-moi avec mon moi ! Avec mon moi retrouvé
Laissez-moi
Être
Être
Être
Laissez-moi chasser ce regard qui veut
Censurer
Aliéner
Étouffer
Tuer
Laissez-moi chasser ce regard qui empêche de vivre...
Être soi dans le présent
Être soi dans l'avoir
Être soi toujours...
Je n'ai plus besoin de personne pour prouver mon existence...
Je suis... je suis moi.
Je n'existe plus par rapport aux autres
Qu'ai-je à prouver ?
Et pourquoi prouverai-je ?
Quoi ? Au nom de quoi ?
Effacés les autres !
Être à nouveau ensemble
Je suis coincée dans une image
Je suis prisonnière d'un langage
Les mots m'empêchent d'exister
Les mots de domination
D'aliénation
De mort.
Femmes, vous ne marcherez plus sur vos larmes
Les larmes de l'injustice
Les larmes de la douleur
Les larmes de la mort
Femmes, vous essuierez vos larmes
Pour la paix
Pour la liberté
Pour l'amour
Femmes, vous pleurerez de joie
Pour la terre retrouvée
Pour la terre de vos enfants
Pour un avenir de bonheur
Ils m'ont dit des mots-prisons
Pour me fermer les yeux
Pour me fermer la bouche
Pour m'enfermer
Ils ont créé des mots nouveaux
Des mots à eux
Des mots-dicktat
Pour m'enfermer
Pour m'anéantir.
Ils ont nié les mots vrais
Les mots-vérité
Les mots authentiques.
Ils ont falsifié l'histoire
Ils ont étouffé la culture
Ils ont rejeté
L'histoire
La culture
L'identité
La personnalité
Mais,
Moi, je suis là avec mes mots-liberté,
Mes mots-vérité
Mes mots à moi
Mes mets-moi.

D. AMHIS, Silence et parole, édit. Orcyte, Alger, septembre 1992.
Publié par 

Etre une femme en Algerie, action sociale


par Liliane Mébarka GRAINE 



Femmes de maïs


Publié dans le journal quotidien Pùblico (Portugal), cet article d’Esther Vivas sur le rôle des paysannes dans la production agricole et alimentaire a été relégué par le CADTM (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde). En dépit de leur rôle clé dans l’agriculture et dans l’alimentation, les femmes dans les pays du sud sont, de même que les enfants, les plus fréquemment victimes de la faim et de discriminations. Il ne s’agit pas seulement ici d’un constat, mais d’un appel à la résistance.



Dans les pays du Sud, les femmes sont les principales productrices de nourriture, elles sont chargées de travailler la terre, de maintenir les semences, de récolter les fruits, d'obtenir de l'eau, etc. Entre 60 et 80% de la production vivrière de ces pays est assurée par les femmes, pour 50% au niveau mondial. Celles-ci sont les principales productrices de cultures de base comme le riz, le blé et le maïs, qui alimentent les populations les plus pauvres du Sud mondialisé. Mais en dépit de leur rôle clé dans l'agriculture et dans l'alimentation, elles sont, de même que les enfants, les plus fréquents victimes de la faim. 

Un excellent document à télécharger : http://www.genreenaction.net/IMG/pdf/Femmes_de_mais.pdf 
Source : CADTM

La vieillesse en dansant

27/07/2010 | Benoît GuivellicCyril Pay, and (Aujourd'hui la Chine).

La retraite, période de solitude et d'ennui ? Pas pour ces Pékinoises qui ont décidé de passer leurs vieux jours en dansant. 


Video : cliquer ici

La Femme en Chine (2001)



Femme chinoisePas moins de 16 pays frontaliers dont l'Afghanistan, le Myanmar (ex Birmanie), le Pakistan, la Corée du Nord, pour ne citer que les plus controversés, entourent la République Populaire de Chine et témoignent, s'il le fallait, de l'importance géographique et stratégique hors du commun de ce véritable empire. 

Avec 22 provinces et 5 régions autonomes, plus que de l'entité d'une nation uni culturelle, c'est de la coexistence de plusieurs mondes hétérogènes rassemblés en un seul pays dont il est préférable d'appréhender l'existence. Et c'est autant de situations distinctes auxquelles les femmes chinoises doivent s'adapter en matière de droits et de conditions de vie.

Cette "moitié du ciel", que Mao Zedong leur avait "offert" dans un discours dithyrambique prononcé à la gloire du communisme et de l'égalité hommes/femmes n'est, aujourd'hui encore, qu'une illusion. Car, si en vertu des lois, les femmes chinoises jouissent des mêmes droits que les hommes dans les domaines de la politique, de la culture, de l'éducation, du travail, de la propriété mais aussi sur leur personne en matière de liberté, de santé, sur le plan du mariage et de la vie familiale, les mentalités n'ont certes pas vraiment évolué, la réalité restant assez éloignée de ce que promettent les textes.



Ainsi, malgré le fait que la Chine se soit gratifiée de l'adoption de plusieurs traités relatifs aux droits humains, en signant et ratifiant, entre autre au cours des 20 dernières années, la Convention contre la torture, la Convention internationale contre toute forme de discrimination raciale et religieuse, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la CEDEF - relative aux discriminations faites aux femmes - le pays est régulièrement interpellé par les ONG nationales et internationales des droits humains pour violation systématique de ces mêmes traités. 

Les cas de répressions, de tortures, de procès inéquitables, de restriction de la liberté d'information et de la presse, perpétrés par les autorités sont légion et mettent en réelle contradiction une préoccupation humaine de façade affichée au reste du monde avec la souffrance profonde d'un peuple ouvertement opprimé.

Les conditions de vie des chinoises - si elles semblent meilleures que dans les pays voisins de l'Asie - n'atteignent pas des sommets, loin s'en faut ! La politique sociale relative à la régulation des naissances a engendré des actes discriminatoires inconsidérés selon les régions et les provinces. Ainsi, comme il est de tradition en Chine, à l'instar de la plupart des pays côtoyant la pauvreté, la naissance d'un garçon est hautement préférable à celle d'une fille. 


Si cette discrimination, pouvant paraître inoffensive au premier abord, ne s'exprime que faiblement lors de la venue du premier enfant au sein d'un couple, l'autorisation accordée par le gouvernement pour l'obtention d'un deuxième enfant a des répercutions sociales dramatiques. En effet, la méthode aux ultrasons est alors largement pratiquée sur le fœtus afin de déterminer s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille. 

Dans la majorité des cas, le diagnostic annonçant une fille entraîne simultanément une demande d'avortement des parents. Cette pratique est si courante que dans la province rurale de Liaoning, on compte trois fois plus de garçons que de filles nés en seconde couche, ratio jamais atteint dans n'importe quel pays du monde, l'équilibre y étant sensiblement maintenu.

S'il n'est pas possible d'avorter, certaines filles sont directement abandonnées dans la rue - certaines sont jetées dans les fleuves - les autres, qui atteignent un âge suffisant, finissent par être renvoyées du domicile familial et, une fois sur le trottoir, soumises à l'errance, elles sont souvent récupérées pour alimenter le marché de la prostitution. 

Prises en charge par un réseau savamment organisé, elles sont acheminées vers des pays aussi divers que la Malaisie, Taiwan, l'Australie, le Japon, les Etats-Unis et le Canada. Les plaques tournantes chinoises de l'industrie du sexe sont connues pour êtres Shanghai, Hong-Kong et Guangzhou. Le Tibet fait également l'objet d'un trafic de filles qui sont, pour la plupart, mariées de force à des paysans chinois ou introduites dans un réseau de prostitution. Le gouvernement condamne cette pratique mais ne parvient pas à l'éradiquer, faute de volonté constante et de moyens déployés.

La Chine demeure un pays antagoniste en ce qui concerne sa politique égalitaire entre hommes et femmes. Professionnellement parlant, les femmes ont beaucoup de possibilités pour accéder à des postes importants aux seins des administrations, des entreprises, du parti central. 



Cependant, lorsque l'opportunité se présente, la pression de la tradition, accentuée par celle du mari - qui veut quelqu'un à la maison pour s'occuper de lui et de ses enfants - font que, dans la plupart des cas, la femme refuse la promotion sociale qui lui est proposée. 

En outre, pour peu qu'une entreprise se retrouve en difficulté, les femmes sont les premières à en subir les conséquences : diminution des salaires - déjà inférieurs à ceux des hommes pour un travail et une compétence identique - pression pour les obliger à démissionner, violences multiples d'intimidation, etc.

La violence dont elles sont l'objet n'est pas uniquement réservée au domaine professionnel. La vie privée apporte son lot d'agressions auxquelles les Chinoises sont habituées. Car pour la majorité d'entre elles, mieux vaut s'habituer et ne pas trop faire de vagues. En effet, aucune loi ne les protège de la violence domestique. Excepté quelques amendements relatifs au mariage et spécifiant que la femme mariée ne doit faire l'objet d'aucun abus, rien n'est vraiment clair en ce domaine au sein du système judiciaire. Ainsi, en dépit d'une certaine prise de conscience de l'existence de cette violence, il n'y a aucun refuge pour femmes battues qui a été créé dans les provinces les plus concernées.

Et, pour finir de noircir le tableau, ces femmes, vivant aussi bien en ville que dans les campagnes, doivent gérer une pression telle - la moindre contrariété peut se transformer en mini tragédie familiale - qu'un nombre considérable d'entre elles se suicident à l'aide de pesticides dans un geste de désespoir. Les chiffres sont alarmants : un demi millier par jour !



La discrimination peut se répandre et opérer partout dans le pays, à différents niveaux sociaux et économiques, selon les spécificités régionales. Le peuple chinois est privé de liberté, de ses droits humains fondamentaux.

Les femmes, elles, ont un poids supplémentaire considérable sur leurs épaules : celui de devoir porter "la moitié de l'enfer", cet enfer imposé par les dirigeants et les traditions ancestrales inhumaines… alors que le ciel tout entier leur appartient. 



La femme : espoir de l’Afrique


Un texte de Felicia Bilgho sur le statut social de la femme en Afrique et son rôle dans le développement.




Identifier la femme comme espoir de l’Afrique, dans un contexte où ce continent confronté à la fois aux tensions politiques et économiques, aux poussées endémiques et épidémiques, est communément admis comme malade, consisterait à postuler l’hypothèse que la femme serait la réponse, à la problématique du développement. Cependant, la considération de spécificités contextuelles, relatives au système de représentation, à l’organisation sociale, au statut de la femme oppose à cet enthousiasme expansif un procès social complexe. En ceci, semblent se déterminer les difficultés d’évaluation du rôle de la femme dans le changement social. Celle-ci, tour à tour, attributaire de fonctions de production, de reproduction, ou communautaire, est en réalité soit occultée comme actrice de développement, soit surdéterminée dans sa capacité à générer une dynamique globale de transformation. Ces deux dimensions, ambivalentes, seront abordées au fil de notre réflexion, au travers de la hiérarchisation idéologique de l’activité féminine.


Le rôle productif distribué à la femme, sur cette échelle, porte un attribut négatif. Caractère qui émerge d’une construction invalidante d’un ensemble d’activités qu’accomplit la femme. En l’occurrence s’agit-il des fonctions maternelles et domestiques. Concernant la femme occidentale autant que celle africaine, elles ont une coloration locale déterminée par les interactions avec l’environnement et la culture. Ainsi, en Afrique où l’usage d’outils rudimentaires pour la transformation des aliments est courant, la répétitivité et la pénibilité des gestes sont accentuées. En outre, elles sont parfois prolongées par de longues heures de marche, aux fins de collecter de l’eau ou de ramasser du bois.


Autant d’obligations qui, assumées successivement ou simultanément pour économiser du temps, n’ont pas moins d’incidence sur la longueur de la journée d’activité de la femme africaine. Estimée de quatorze (14) à seize (16), elle n’est pas intégrée dans le registre du travail. En effet, l’idéologie dominante ne conçoit comme travail que l’activité rémunérée. De fait, même si la femme est en mouvement continu, en quête de satisfaction des besoins primaires de son unité familiale, son action est paradoxalement invisible, non seulement parce qu’elle ne comporte pas de rentabilité économique, mais aussi parce que la femme est encore aujourd’hui culturellement perçue davantage comme un produit qu’un producteur. L’activité reproductive, étant disqualifiée à participer aux mécanismes de production économique, en dépit de son utilité, il demeure en conséquence difficile d’établir un lien significatif entre espace domestique et espace de développement. Le postulat de départ accordant à la femme africaine un rôle moteur dans l’évolution du continent s’en trouve décrédité.



Entre ses activités reproductive et productive, la frontière n’est pas toujours clairement identifiable ; le travail non marchand et le travail marchand pouvant s’imbriquer dans les mêmes tâches. Une telle caractéristique impose de considérer la fonction productive de la femmeafricaine en relation avec les pratiques sociales. Elles sont plus ou moins contraignantes selon la proximité que les populations entretiennent avec les normes traditionnelles de régulation sociale.

Le milieu urbain, vecteur de pratiques syncrétiques, laisse davantage d’autonomie et de pouvoir aux femmes. Un signe en est la possibilité, pour certaines d’entre elles, d’occuper des espaces politique ou économique importants. On citera le rôle des « opératrices économiques » dans différents pays d’Afrique et particulièrement celui des « Nanas Benz » dont l’activité, organisée autour du commerce des pagnes de la marque « Wax hollandais » leur donne une puissance économique reconnue outre frontières. 






Une puissance à double titre intéressante : 

-  elle libère ces 
femmes et leurs époux de certaines croyances, en favorisant parfois une inversion des rôles
-  elle suscite la mise en œuvre de réseaux par les transactions de demi-gros ou détail, profitables pour une catégorie importante d’acteurs. Ces réseaux, davantage objet des initiatives individuelles que celles des « Nanas Benz », s’insèrent dans un contexte continental où l’activité commerciale est le mode de travail le plus couramment pratiqué par les
femmes. A ce registre s’ajoutent les activités salariées dans les domaines public ou privé, touchant une minorité de femmes mais dont le profit s’étend au-delà de la famille nucléaire.


En milieu rural, l’activité commerciale, également pratiquée, est généralement organisée autour de produits de pêche, d’arboriculture, d’agriculture. Une coopération est souvent nécessaire avec les hommes pour la réalisation de ce travail. En réalité, elle est révélatrice de rapports de pouvoir dans lesquels l’autonomie des femmes est affaiblie.




Dans le domaine de la production agricole, on peut retenir les problèmes d’accès à la terre. Dans certains groupes ethniques, à l’instar de la femmemossi (ethnie majoritaire) du Burkina Faso, en dépit de normes nationales d’appropriation et d’exploitation de la terre, par le biais de la réorganisation agraire foncière (RAF), préconisant un égal accès au domaine foncier pour les hommes et les femmes, on constate que la femmeen est écartée par le système de régulation de la parenté et d’organisation des alliances matrimoniales. Dans le premier schéma, « la fille de », en attente de devenir « la femme de » porte un statut provisoire. Dans le second cas, elle parfait un statut d’étranger à la faveur d’un système de parenté se transmettant unilatéralement en ligne masculine. Deux considérations qui la retiennent à distance du système de transmission des biens.

Ainsi affiliée à une formation sociale rigoureusement hiérarchisée dans laquelle son statut de personne est subordonné à celui de l’homme, lafemme, en matière d’accès à la terre, est contentée d’attribut d’usufruitière d’une petite parcelle. Celle-ci allouée par l’agrégat familial est affectée à la production de légumes destinés à la consommation domestique et la commercialisation informelle.




La coercition des règles endogènes au patrilignage agit sur les rapports exogènes de la femme à la société globale, en grossissant ses difficultés d’accès aux intrants agricoles, aux micro-crédits à la faveur desquels elle pourrait améliorer sa productivité ou mettre en œuvre des projets individuels. La femme, dans ce domaine, on le constate, est entravée dans ses potentialités d’actrice économique par le dispositif des normes collectives. Des pesanteurs, progressivement contournées par des improvisations trouvant place dans une forme de gestion dite communautaire et qui se destine à couvrir l’aspect collectif de la production.


Le rôle de gestion communautaire de la femme, perçu bien souvent comme une extension de sa fonction domestique, prend en Afrique une dimension contextuelle de réponse à la défaillance de l’Etat (accentuée par les vagues des programmes d’ajustement structurel) dans des secteurs essentiels tels que la santé l’éducation, l’alphabétisation. Elle se décline sous une multitude d’actions : construction d’école, sensibilisation à la scolarisation des filles, aménagement de cantines scolaires, lutte contre la malnutrition et le VIH, développement de l’artisanat… 


Pour l’exercice de ces activités communautaires, dans lesquelles des femmes prennent des responsabilités ou des engagements, elles s’appuient sur des réseaux traditionnels d’alliance de voisinage, de quartier, mais aussi sur de groupements féminins, des associations, financés par des bailleurs de fonds étrangers, trouvant en elles « la clé » du changement social.

L’intérêt investi dans la mobilisation de femmes par des agents exogènes semble se fonder sur un discours commun, accordant l’attribut de travailleuse à la femme, et à l’homme un statut quasi parasitaire. Ce postulat, alimenté par de variables objectives à l’instar de la longueur de la journée de travail de la femme, construit à partir d’une vision ethnocentrique du monde, en disqualifiant l’homme du processus de changement, entretient une opposition absolue entre l’homme et lafemme. Il suggère l’idée d’une transposition de la femme modèle de développement du bien être dans le cadre de l’unité familiale à la femmearchétype d’innovation et de mutation à la dimension de l’Etat-nation.



Dans ce mode d’appréhension des rapports sociaux ne sont pas prises en considération la division sexuelle du travail et la connotation symbolique que véhiculent certaines tâches réputées périlleuses pour la masculinité de l’homme. Celle-ci interpelle sa capacité à procréer, à transmettre un nom et par conséquent au-delà de l’entretien de la pérennité du patrilignage, à conserver un lien entre le monde des vivants et le monde des morts, dans un processus d’échanges. La division sexuelle des tâches, plus qu’une affaire domestique, se rapporte à la sécurité du groupe. Par une telle structuration sociale, la femme est assujettie à des fonctions limitant sa liberté et sa créativité en matière de progrès.

Ces considérations ne dispensent pas de penser les femmes, comme actrices incontournables dans les projets de développement. Ce sont des actrices qui ont des besoins spécifiques, différents de ceux des hommes, selon le genre comme épouses, comme mères. Des actrices qui ne gagnent pas à être identifiées en opposition constante avec les hommes. Par exemple, dans un programme de planification familiale, même s’il paraît évident que la femme est le premier sujet visé, l’homme ne devrait pas en être exclu, en raison de la conception cosmogonique du monde qui leur est propre. Dans certaines formations sociales, elle place la femme à l’égard de l’enfant à naître, non pas dans un rapport d’appropriation, mais de confiage, à l’égard de son corps biologique dans un rapport de subordination au mari, au corps social. A cet effet, l’appréciation de l’homme et de la femme comme sujets d’information et de sensibilisation est pertinente pour les effets principalement bénéfiques à cette dernière. Il est déductible que l’homme en étant sujet ou acteur, peut être un instrument de progrès pour la femme ou pour le groupe entier.






 Autant il importe de ne pas discréditer ce statut de l’homme, autant il compte de reconnaître celui de la femme, en le revalorisant, en lui restituant le qualificatif d’acteur, tout simplement de personne. Or la surdétermination de la femme par un certain discours développementaliste dans le processus de changement social, en apparence, ségrégé du système de pensée dominant qui la sous évalue en est, en définitive, la reproduction superlative. Envers d’un même décor idéologique, ce discours ne déconstruit pas en conséquence les violences symboliques que subit lafemme africaine.


Retenons simplement l’impératif que la femme soit considérée comme une personne, comme une actrice. La cognition d’une telle détermination porte à penser que ses activités ne doivent pas être uniquement circonscrites en termes d’opposition à celles de l’homme, mais sous l’angle d’une complémentarité différenciée ; activités dont la dynamique, pour dépasser une portée paradigmatique improductive, doivent être insérées dans une politique gouvernementale, cohérente de gestion des biens et des personnes.





Bibliographie indicative

Willy RANDIN, Femmes sources de progrès, sud : des actes concrets, éd. Favre, 2004
Cahiers Genre et Développement N°1 : Le genre : un outil nécessaire, introduction à une problématique, dir. J. Bisilliat et C. Verschuur, L’Harmattan, 2000
La notion de personne en Afrique noire, Collectif, éd. L’Harmattan, 1993
UNICEF : Analyse de la situation de femmes et des enfants au Burkina Faso, nov. 1994