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L'ÉCHO DES MURAILLES, L'ÉCHO DES ENTRAILLES. Une installation murale en pratique relationnelle de Nadia Nadege, artiste qui a permis la création de ce blogue pour un échange entre femmes vers leur meilleure conscience identitaire...
LE CORPS-MESSAGER Les Marcheurs de Vie est une autre installation en pratique relationnelle de la même artiste, qui fait suite aux poupées de tissu par des figurines de plâtre.

Comment se construit l'identité sexuelle de l'enfant

Quelles sont les différentes étapes de la construction de l'identité sexuelle ? 

À 18 mois, l'enfant est avant tout en train de découvrir qu'il existe. Pendant cette première période, il est déjà un individu sexué, mais il n'en a pas conscience. Pour moi, vers 18 mois les enfants savent s'ils sont une fille ou un garçon. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est fortement déconseillé de revenir après cet âge sur l'identité sexuelle d'un enfant aux organes ambigus, mal « assigné » à la naissance. Cela dit, si les bébés de 18 mois savent qui ils sont, il faudra quand même attendre jusqu'à leurs trois ans environ pour qu'ils sachent exactement ce qui les différencie... 

Ainsi, de 18 à 36 mois, les petites filles découvrent qu'elles n'ont pas de zizi et les petits garçons, qu'ils en ont un. C'est la deuxième période, celle où les enfants réalisent qu'ils sont tous pareils de dos, ce qui met en avant leur différence de face... Mais la prise de conscience est progressive, et il peut y avoir des confusions : ainsi, la petite fille qui se compare avec un petit frère peut penser qu'un zizi va lui pousser. Et le petit garçon qui se compare avec une petite sœur, que son zizi va tomber. Ou encore, quand leur maman est à nouveau enceinte, un enfant de cet âge peut s'imaginer attendre lui aussi un bébé (celui de maman), tant il est en continuité avec sa mère.


J'ai connu un petit garçon de deux ans et demi, encore allaité par sa maman, qui parlait de « son » sein... C'est dire si l'identité sexuelle peut être confuse jusqu'à trois ans, parfois quatre ! Pour continuer la construction de l'identité sexuelle, il existe une troisième période : celle du complexe d'Œdipe et de sa résolution, vers 5 ans.


Entre 2 et 3 ans, les questions (plus que les angoisses) sont fréquentes, d'autant plus si le vocabulaire est développé et que le contexte familial est ouvert. Attention : un enfant ayant un retard de langage n'aura pas pour autant de confusion quant à son sexe.


Les questions existentielles, du type « Pourquoi y a-t-il des filles et des garçons ? » attendent des réponses claires et simples. Les questions pratiques, du type « Comment on fait les bébés ? » ou « Est-ce que j'ai le même zizi que papa ? Je peux voir ? » sont plus délicates, car les parents doivent apprendre à l'enfant que son sexe est son secret. Pour ne pas aller trop vite et respecter la pudeur de l'enfant, on peut commencer par demander « Et toi, qu'en penses-tu ? ». Ainsi, vous saurez où votre petit en est, et vous pourrez adapter votre discours. Dolto disait qu'il faut dire aux enfants « la vérité qui les concerne ».


Si on anticipe trop, si on mise sur la maturité apparente de l'enfant, on risque de « polluer » sa période de latence, soit entre 4 et 11-12 ans, le moment où il met de côté ses interrogations sexuelles pour se concentrer sur les questions sociales. Cette période de latence permet à l'adolescent d'être ensuite libre de ses découvertes. 


Pour moi, la naissance de la pudeur se situe autour de 4 ans. Comme Françoise Dolto, je recommande alors aux parents de ne plus prendre de bain avec leur enfant, car il ne doit plus être confronté aux sexes des adultes.


Entre deux et trois ans, l'acquisition de la propreté est une étape importante, qui peut jouer sur le futur de l'enfant. En particulièrement pour le petit garçon, dont l'idée de « perdre » quelque chose de lui quand il va à la selle est très présente.


Ainsi, il est important que tout le monde (parents, grands-parents, nounou, professeur) ne focalise pas sur ses sphincters et sur la propreté de son anus, ni n'insiste sur la malpropreté des selles ou de l'urine, car l'enfant peut inconsciemment associer organes génitaux et impureté. Sans perturber son identité sexuelle, cette attitude peut rendre complexe, plus tard, l'expression de sa sexualité.

La construction sociale de l’identité sexuée chez l’enfant.

Intervention de Nicolas MURCIER
Psychopédagogue, Doctorant en sciences de l'éducation


Apprentissage et développement d'une identité sexuée

Il y a aujourd’hui à devenir conscient de notre besoin de nous construire une Identité sexuée d’homme ou de femme qui s’oppose à l’Identité sexuelle de Père/Mère–Fils /Fille qui sont pour chacun de nous la transmission d’une identité de savoir et de pouvoir des Père/Mère qui s’oppose et domine l’identité de non-savoir et de non-pouvoir des Fils/Filles. 


Toute construction se fait en même temps qu’une déconstruction (un faire en même temps qu’un dé-faire) pour que le devenir sexué mette le sexuel à son service, et non l’inverse. Une identité adulte ne peut être que sexuée et réelle. Une identité sexuelle ne peut être que Parentale et symbolique. 


La construction de l’identité sexuée de l’enfant est largement influencée par l’environnement  social. Celui-ci est dès la naissance un être social inséré dans un contexte culturel donné. Ce  dernier définit des comportements, des attitudes, des caractéristiques propres à chaque sexe.  


Mais l’enfant est également actif dans ce processus. À défaut d’un développement exhaustif de la construction de l’identité sexuée, où l’anthropologie, la psychologie et la psychanalyse devraient avoir leur place, je développerai  cet exposé essentiellement d’un point de vue sociologique, en illustrant mes propos d’exemples, non exhaustifs. 

Sans contrefaçon je suis un garçon

Mylène Farmer sur YouTube

Garçon manqué de Nina Bouraoui

Garçon manqué, un livre de Nina Bouraoui

Son père Rachid est berbère, sa mère Maryvonne, bretonne aux yeux bleus. Nina est née en 1967. Pas facile d'être l'enfant des amoureux de 1960 dont la rencontre rappelle les pires moments de la guerre d'Algérie. Pas facile de grandir en Algérie et de voir sa mère insultée par des gamins. Pour mieux se défendre, Nina s'approprie la violence des hommes en devenant un garçon manqué. Mais comment s'y retrouver au bout du compte dans ces identités de fractures. Fille ou garçon ? Française ou Algérienne ? Le livre de Nina Bouraoui est à la fois lyrique et violent, tendre aussi quand elle évoque l'histoire d'amour avec Amine. Du soleil brûlant d'Algérie aux ciels mouillés de la Bretagne, il est rempli de contradictions qui ne sont pas seulement personnelles mais appartiennent à tant de gens dont on ne parle jamais.
Nina Bouraoui, écrivain, est née à Rennes en 1967, d'un père algérien originaire de Jijel et d'une mère bretonne. Les quatorze premières années de sa vie, elle les passe à Alger. Puis elle vit à Paris, Zurich et Abou Dabi avant de revenir à Paris. Dans ses romans, elle écrit sur l'amour, l'identité et ses troubles ainsi que sur son enfance algérienne dont elle conserve la nostalgie. À la différence de ses autres romans (même du Bal des murènes dans lequel il s'agit d'un narrateur masculin), Avant les hommes n'est pas revendiqué par l'écrivain comme étant autofictionnel. Dès son premier roman en 1991 s’affirme l'influence de Marguerite Duras dans son œuvre. La vie et les œuvres de Hervé Guibert, Annie Ernaux, Violette Leduc et David Lynch, parmi d'autres, se retrouvent aussi dans les romans (et les chansons) de Bouraoui, surtout dans Mes mauvaises pensées. Le déracinement, le désir et l'écriture sont les thèmes majeurs de son travail. Un de ses poèmes a été repris par le groupe Les Valentins et mis en musique dans la chanson La Nuit de plein soleil. Elle est Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres et ses livres sont traduits dans une quinzaine de langues.

Être un garçon manqué


Claude, le garçon manqué du Club des Cinq (au premier plan à droite)



Définition de Wikipédia :

Garçon manqué est une expression désignant une fille qui adopte le comportement d'un garçon. 
Typiquement, cela peut se manifester par :
  • le port de vêtements masculins
  • la pratique de sports et d'activités habituellement réalisés par les garçons
  • une préférence pour s'entourer de copains du sexe opposé plutôt que du même sexe
Ce qualificatif se base souvent sur des stéréotypes d'éducation, tels que le fait que les filles ne jouent pas au football.

Les années folles : une femme émancipée ?


par Christine Bard


Louise Brooks, une garçonne...

En introduction, l'historienne rappelle le succès exceptionnel du roman "la garçonne"; 16% de la population française l'a lu, il fut vendu à un million d'exemplaires. Ce titre évoque la masculinisation de la tenue vestimentaire, cette transformation sera plus amplement décrite dans une première partie et dans une deuxième partie, seront évoquées les réactions face à de tels changements et les limites de ces derniers.

Le XIXième siècle se caractérise par un besoin de différenciation sexuelle, les travaux biologistes à connotation raciste et sexiste débouchent sur des hiérarchies que l'historienne rappelle en montrant une planche avec plusieurs crânes, d'abord le crâne d'un homme associé à l'image d'un cheval puis celui d'une femme plus petit et plus large et associé à l'image d'une autruche.

il était interdit aux femmes de porter un pantalon, seules quelques intellectuelles se le permettaient comme G Sand ou Rosa Bonheur. Ce sont des marginales qui au XXième siècle changent de tenue vestimentaire, c'est le monde de Sapho qui fut le générateur du port du pantalon, l'apparition du vélo fut un prétexte pour que les femmes souhaitent porter des vêtements plus pratiques.

L'assimilation à une tenue masculine repose tout autant sur la coiffure avec la mode des cheveux courts, on peut en déduire que cela a changé les modèles des chapeaux. La teinture se développe comme les indéfrisables

Une autre grande nouveauté fut la dégagement des chevilles voire des mollets. Les hygiénistes appuient la démarche des femmes pour porter des tenues plus fonctionnelles en raison des risques encourus en cas de noyade ou d'incendie ; on se souvient du drame que fut l'incendie du bazar de la Charité.

Les derniers aspects de rapprochement se font avec la cigarette et l'allure "haricot vert".Les femmes se libèrent du corset pour plonger dans une autre contrainte : les régimes alimentaires. L'idée d'une femme mince, d'apparence androgyne ne se retrouve qu'en Grèce sous l'antiquité 200 avant JC.

Les coiffeurs furent hostiles comme les chansonniers à la mode des cheveux courts, les premiers pensaient que leur chiffre d'affaires baisserait en ne vendant plus des accessoires pour coiffer les cheveux longs; il est constaté que le métier de coiffeur se féminise.

Cette mode d'influence masculine est contradictoire avec le recours bien plus massif au maquillage, le dessin des lèvres est davantage souligné. La nouvelle coquetterie féminine est pratiquée par les comédiennes et elle fait tâche d'huile sur les hommes avec la création du "dandy"; l'homme cherche à réduire sa pilosité, des nouveaux costumes sont conçus, les pantalons s'élargissent, les chandails sont assortis aux chaussettes, cette mode vestimentaire est favorisée par le développement de la pratique sportive.

L'Eglise réprouve ces transformations vestimentaires, certains curés refusaient d'accorder la communion aux femmes portant des cheveux courts. Pour dissuader les femmes de couper leurs cheveux, la rumeur circulait comme quoi cela favorisait la pilosité. Un tel choix était analysé comme une tendance à être lesbienne ou prostituée.

Le modèle de la garçonne dans les années 30 fut incarnée par Violette Maurice, elle était haltérophile, le fait qu'elle fut lesbienne, consolide les préjugés sur ces transformations, le fantasme du sein coupé pour conduire son bolide circulait dans les sphères parisiennes.

L'excentricité du comportement de cette personne explique qu'il lui fut retiré sa licence de conduite, elle sombra alors dans l'extrême droite et fut exécutée comme collaboratrice pendant la seconde guerre mondiale.

Les limites de l'émancipation féminine à travers même le roman "la garçonne" sont évidentes puisqu'à la fin, la jeune femme renonce à la liberté sexuelle et épouse un ancien combattant qui l'a remise dans le droit chemin.

Pour l'historienne, ce n'est pas un livre féministe, l'auteur ne peut pas dépasser des atavismes sociaux, des idées bien pensantes. Les quelques transformations fondées sur l'apparence ont au demeurant suffi à provoquer des réactions de romanciers comme Paul Morand qui dénonçait une dissolution des moeurs.