Le conjoint victime/esclave/bouc émissaire « idéal» de l'agresseur, c'est la victime qui est « trop gentille », ayant été formatée souvent depuis l'enfance à ne pas se défendre, à ne pas contrarier, à ne pas dire non, à être toujours prête à faire des efforts, à se remettre en question, qui est donc une bonne esclave, qui ne risque pas de se rebeller.
C'est celle qui est isolée, sans personne pour la défendre (sans famille, immigrée....), qui représente pour l'agresseur l'assurance d'une impunité. L'agresseur ne risque pas de perdre sa victime. Comme elle a subi des violences graves avant sa vie conjugale, sa mémoire traumatique la rend facile à terroriser, et en fait une bonne drogue dissociante pour l'agresseur.
Les conséquences psychotraumatiques des violences expliquent des symptômes, des troubles du comportement et des conduites des victimes qui paraîssent paradoxaux et incompréhensibles à l'entourage et aux professionnels qui les prennent en charge, alors que se sont des réactions normales à des situations anormales.
Pour les femmes, avoir été victime de violences pendant l'enfance augmente le risque de subir des violences conjugales. Elles peuvent-être choisies pour leur isolement, leur vulnérabilité et l'intensité de leur mémoire traumatique qui les rend encore plus terrorisées lors des violences et donc moins aptes à se défendre, moins confiantes en elles et plus « intéressantes » car plus efficaces comme « drogue dissociante pour l'agresseur. De leur côté, elles peuvent choisir leurs conjoints pour son histoire traumatique qui les fait se sentir plus proches d'eux, pour les aider.
POSITION DES THÉRAPEUTES
Les séquelles à long terme du trauma psychique consistent essentiellement en une dissociation binaire généralisée de la pensée et du comportement, qui fait osciller entre deux excès contraires, ce qui amène en même temps à
- des dichotomies cognitives radicales (pensée binaire ou manichéenne),
- des dissociations comportementales et pulsionnelles (qui sont prises pour une ambivalence constitutionnelle)
L'usage normal (adapté et auto-régulé) de la pulsion est désormais exclu ou impossible. La capacité à se défendre (l'usage du "non") étant perdue, c'est le corps qui dit non et qui refuse. C'est le symptôme qui est chargé de traduire la souffrance psychique ( principe de la somatisation).
L'"incapacité à" de l'inhibition (névrose) est donc en réalité une "capacité à ne pas" (agir), tandis que réciproquement l'"incapacité à s'empêcher de" , qui caractérise l'impulsivité, est en réalité une "capacité à ne plus (subir)".
Ceci est particulièrement vrai des traumas sexuels infantiles (incestueux ou extra-familiaux), qui sont responsables de l'immense majorité des symptômes d'inhibition, de compulsion et de perversion sexuelles, observés chez l'adulte, qu'il est possible de rattacher aux conséquences du geste ou de l'acte de l'abuseur dans l'enfance.