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L'ÉCHO DES MURAILLES, L'ÉCHO DES ENTRAILLES. Une installation murale en pratique relationnelle de Nadia Nadege, artiste qui a permis la création de ce blogue pour un échange entre femmes vers leur meilleure conscience identitaire...
LE CORPS-MESSAGER Les Marcheurs de Vie est une autre installation en pratique relationnelle de la même artiste, qui fait suite aux poupées de tissu par des figurines de plâtre.

Origines et postérité.

Origines.

1) Sapho fait figure de première intellectuelle de la littérature occidentale.

2) Paradoxalement, on peut prendre en considération ici les textes des hommes. Les femmes écrivains ont souvent lu beaucoup d'oeuvres écrites par des hommes et ont été marquées par leur modèle culturel. Elles ont souvent opéré un choix parmi les genres possibles à une époque donnée et ont su adapter le moule au gré de leur besoin d'écrire et de leur être. Pendant longtemps les femmes ont essayé de gommer la différence, vue comme une infériorité. Revendiquer une spécificité a ensuite été une étape de la libération. La ségrégation des sexes a été un système d'oppression, que la littérature japonaise à pratiqué, à l'origine: il y avait un double système d'écriture, de genres littéraires. En Occident, de même, la femme a pendant des siècles été cantonnée dans la chanson de toile, la berceuse et les contes. La littérature de résistance consistait déjà dans le refus de la différence imposée.
3) Moyen âge. Les troubairitz (XIIe et XIIIe siècles, féminin de "troubadours") exploitent l'idéologie courtoise. Leurs discours ne laissent pas entendre la conscience d'une spécificité. Au XVe siècle, en France, l'amour courtois et le culte de la Dame ont décliné. Malgré le contexte peu favorable, surgit la première femme écrivain de métier à se dire telle et vivant son expérience comme une transgression: Christine de Pisan.
4) XVIe siècle. A la fin du siècle, l'inspiration féminine trouve son mode de prédilection dans la poésie religieuse. Les textes traduisent une soif de l'absolu.
5) XVIIe siècle. La préciosité n'est pas uniquement favorable à la production féminine. Les écrits obéissent trop à la mode précieuse. Les ouvrages et les traités épistolaires valorisent le désordre rhétorique comme marque de l'expression féminine (ex.: la Rhétorique de Lamy, 1670).
6) XVIIIe siècle. L'écueil de la littérature féminine de cette période est l'affectivité. Licence à l'épanchement sans mesure qui confirme la répartition traditionnelle des facultés accordant la sensibilité aux femmes et l'intelligence aux hommes. De plus, les femmes n'avaient pas réussi à trouver un style qui leur soit propre. Isabelle de Charrière est novatrice. Le roman noir. Ann Radcliffe, Marie Shelley.
7) XIXe siècle. En Angleterre, les stéréotypes de l'écriture sexuée étaient très rigides et ce que l'on attendait d'une femme écrivain était le tact, le raffinement et la piété. En Europe, la plupart des femmes écrivains s'insurgent contre la condition féminine.
8) XXe siècle. La libération des moeurs et le combat de certaines expliquent la nouvelle esthétique, mais des phénomènes plus spécifiquement littéraires entrent en jeu: le surréalisme et le Nouveau Roman ont fait table rase et libéré la littérature de toute une tradition; les femmes sont en mesure de créer un style vraiment neuf. C'est en 1974 et 1975 qu'on a commencé à parler de l'"écriture féminine".

Postérité.

1) Les écrivains hommes s'inspirant de l'"écriture-femme". Ex.: Marivaux, la Vie de Marianne (qui put être continué par Mme Riccoboni: c'était déjà une voix de femme qui s'y faisait entendre). Au XVIIIe siècle, les femmes dominaient le roman. Les hommes imitaient l'autre sexe et recouraient à des pseudonymes féminins pour publier des romans sentimentaux; Jean Genet, Pompes funèbres (p. 185-186).

2) L'écriture "androgyne" (voir Bouchard p. 18-29). L'androgyne est constitué d'une variété de profils psychologiques non inhibés par les stéréotypes de la masculinité et de la féminité.

L'écriture féminine est une étape préalable nécessaire à l'avènement de la véritable écriture androgyne parce qu'elle permet de démasquer l'universel masculin. Les livres féminins ont ouvert une brèche dans l'uniformité de la création littéraire et réflexive, qui s'est révélée phallocentrique. Les femmes, en accédant à l'écriture, ont obligé le pseudo-universel à avouer sa particularité.
L'identification provisoire d'une écriture féminine et d'une écriture masculine était nécessaire à leur commune dissolution dans l'écriture androgyne. Celle-ci, parce qu'elle est plurielle, est accessible à toute personne qui écrit, elle est une étape nécessaire à l'émergence d'une écriture proprement humaine, et qui n'aurait à manifester que des caractéristiques proprement littéraires.