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L'ÉCHO DES MURAILLES, L'ÉCHO DES ENTRAILLES. Une installation murale en pratique relationnelle de Nadia Nadege, artiste qui a permis la création de ce blogue pour un échange entre femmes vers leur meilleure conscience identitaire...
LE CORPS-MESSAGER Les Marcheurs de Vie est une autre installation en pratique relationnelle de la même artiste, qui fait suite aux poupées de tissu par des figurines de plâtre.

Valentine de Saint-Point -portrait

Valentine de Saint-Point, née Anna Jeanne Valentine Marianne de Glans de Cessiat-Vercell (Lyon, 16 février 1875 – Le Caire, 28 mars 1953), est une femme de lettres et artiste française. Elle fut écrivain, poète, peintre, dramaturge, critique d'art, chorégraphe, conférencière et journaliste. Connue pour être la première femme à avoir rédigé un manifeste futuriste, elle est aussi, avec La Métachorie, à l'origine de l'Art performance. Des salons parisiens, et mouvements littéraires et artistiques de la Belle Époque, au militantisme politique et social de ses premières années cairotes, la vie et l'œuvre de Valentine de Saint-Point témoignent d'un singulier itinéraire, de l'occident à l'orient. (Wikipédia)


Deux de ses poèmes ci-dessous


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Le Pantin et la Mort
La caverne était sombre et grande l’assemblée.
Au milieu, un pantin, objet de la veillée.
Chacune à son côté, près: moi-même et la Mort,
Chacune le tirant par un bras. Et mon sort
Etait clos en ce masque inanimé, si flasque!
Et, toute, je m’arquais, comme dans la bourrasque,
A la Mort, comme au vent, opposant ma vigueur
Que décuplait mon sang ardant d’être vainqueur.
Si mon effort cédait, certes j’étais perdue;
Ma volonté de vivre était toute tendue.

Mais, du pantin, la Mort arracha la moitié,
L’autre, en mes mains resta. Le peuple convié
Eclata d’un grand rire. Avec son laid trophée,
La Mort s’enfuit… Comment lire ma Destinée?

La foule, après la Mort, peu à peu disparut
A mes yeux sans pensée. Et quand le bruit décrut,
Je regardai ma part du pantin morne et veule,
Dans la caverne obscure, où je demeurai seule.
The Puppet and Death
The cavern was dark and the gathering was great.
In our midst, a puppet, the object of the wake.
We stood on either side of it, myself and Death,
With each one tugging at an arm. My final breath
Was encased in that flaccid, inanimate mask!
With my whole body I bent, as against a blast
Of icy wind, fighting Death with all my vigor,
Which blazed at the thought of emerging the victor.
If I failed in my effort, I knew I was lost;
My will to live grew tense—my life would be the cost.

But then Death ripped the miserable puppet in half—
I held on to my part, The crowd burst out in laugh-
ter. Then seizing its limp, mutilated trophy,
Death fled… and I now feared for my own destiny.

After Death disappeared, the crowd slowly vanished
Before my empty eyes. As the noise diminished,
I looked at my half of the puppet with a moan,
In the cavern grown dark where I stood all alone.

–Translated by Guy Bennett
Les Pantins Dansent
Je mourrai, un jour de fête,
Alors que les pantins dansent.
Je n’entre pas dans leur danse,
Je ne fête pas leurs fête.
Je mourrai, un jour de fête,
Alors que les pantins dansent.

Alors qu’ils crient et qu’ils hurlent
Tous, une gaieté prescrite,
Rien je ne crie ni ne hurle,
Même une vertu proscrite.

Et leur vacarme est si faux
Que je ne puis m’écouter.
Dans un factice, si faux,
Vie ne se peut écouter.

Mon silence, mort au bruit,
Silence pour quoi je vis,
Cela seul par quoi je vis,
Mon silence, mort au bruit.

Ma solitude est si lourde,
Amertume inguérissable!
Solitude riche et lourde,
Solitude inguérissable!

Je mourrai, un jour de fête,
Alors que les pantins dansent.
Je n’entre pas dans leur danse,
Je ne fête pas leurs fêtes.
Je mourrai, un jour de fête,
Alors que les pantins dansent.
The Puppets Do Their Dance
I shall die on a feast day,
While the puppets do their dance.
I do not join in their dance,
I do not mark their feast days.
I shall die on a feast day,
While the puppets do their dance.

While they all scream and cry out
In their prescribed gaiety,
I neither scream nor cry out
In proscribed morality.

And their racket is so false
That my voice cannot be heard.
In an artifice so false,
Life itself cannot be heard.

My silence, the death of noise,
The silence for which I live,
That alone by which I live,
My silence, the death of noise.

Heavy is my solitude,
Its bitterness is fatal;
Rich and heavy solitude,
My solitude is fatal!

I shall die on a feast day,
While the puppets do their dance.
I do not join in their dance,
I do not mark their feast days.
I shall die on a feast day,
While the puppets do their dance.

–Translated by Guy Bennett