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L'ÉCHO DES MURAILLES, L'ÉCHO DES ENTRAILLES. Une installation murale en pratique relationnelle de Nadia Nadege, artiste qui a permis la création de ce blogue pour un échange entre femmes vers leur meilleure conscience identitaire...
LE CORPS-MESSAGER Les Marcheurs de Vie est une autre installation en pratique relationnelle de la même artiste, qui fait suite aux poupées de tissu par des figurines de plâtre.

Que signifie aujourd’hui être une militante féministe?


Submitted by Henrike Dessaules on March 22, 2011
Au moment où j’écris ces lignes, le monde célèbre le 100e anniversaire de la Journée internationale de la femme, et tandis que certains articles de journaux et messages publiés sur des blogues s’interrogent sur l’importance historique de cette journée, d’autres se demandent si une journée spéciale consacrée aux femmes est encore nécessaire.
Il est vrai que nous autres, femmes d’Europe occidentale, nous nous débrouillons fort bien.
Dans le monde occidental, voilà un bon moment que l’égalité entre les hommes et les femmes est une réalité, au moins sur le papier, et bien que certaines inégalités subsistent, nous n’avons jamais été mieux loties que nous le sommes aujourd’hui. Cela ne veut pas dire que le féminisme est maintenant obsolète. Il reste encore beaucoup à faire, et il nous faut au minimum protéger les droits dont nous jouissons déjà. Comme l’ont montré de récents événements aux États-Unis, les droits des femmes ne peuvent malheureusement pas être considérés comme acquis.
Quand je regarde ma vie quotidienne, je ne peux vraiment pas me plaindre. J’ai une bonne éducation, je vis dans une ville formidable, et j’ai une relation de couple enrichissante et basée sur une totale égalité. Toutefois, une chose me dérange, et au plus haut point : ce sont ces stéréotypes agaçants que certains utilisent pour légitimer leurs opinions et leurs comportements.
Dans notre société, l’attachement à des modes de pensées stéréotypés est souvent la principale raison par laquelle persistent les inégalités sociales, économiques et politiques. Les gens qui soutiennent que les hommes et les femmes ont des comportements stéréotypés différents veulent nous faire croire (généralement en se référant à la psychologie évolutionniste et aux sciences naturelles comme des arguments infaillibles qui expliquent tout) que leurs hypothèses souvent absurdes sont vraies, naturellement, puisque la majorité des gens se comporte et agit d’une certaine manière. Et à partir de ces « observations » et de ces « explications », ils tirent des conclusions pernicieuses qui affaiblissent la cause de l’égalité. Mais la majorité ne se trouve jamais remise en cause. La majorité est généralement bien représentée. Par conséquent, examiner ce que fait la majorité n’est pas un bon indicateur des domaines dans lesquels l’action politique est nécessaire.
Après tout, en tant que féministes, nous ne devrions pas nous préoccuper de la majorité. Nous reconnaissons que certains droits sont universels, quel que soit le nombre de personnes qui en bénéficient ou pas. Ce que nous remettons en question c’est le statu quo. Nous ne pouvons accepter que notre cause soit instrumentalisée par l’idéologie dominante, surtout quand cette idéologie nous oblige à avoir plus de droits et de libertés seulement au détriment d’autres groupes défavorisés. Le néolibéralisme a bien traité les femmes occidentales et, en reconnaissant leur valeur en tant que consommatrices et force de travail, mais il les a contraintes à délaisser leurs frères et sœurs les moins privilégiés. Si ce qui est pertinent sur le plan politique est réduit à ce qui est pertinent sur le plan économique, alors l’égalité devient une question de ressources financières au lieu d’être une valeur humaine.
Les féministes, cependant, se soucient des personnes qui sont socialement et politiquement marginalisées, et cela n’inclut pas seulement les femmes qui ont été et sont encore exclues et/ou isolées des processus de décision de nombreux pays à travers le monde. Cela inclut les personnes de couleur, les minorités religieuses, les homosexuels, les transsexuels ou queers, les personnes âgées, les pauvres et les handicapés. Cela inclut, par-dessus tout, les personnes originaires  de pays qui sont ou ont été dominés par des puissances occidentales et qui en supportent encore aujourd’hui les conséquences.
Les questions de races sont des problématiques féministes. Les questions gays sont des problématiques féministes. L’immigration, la crise des réfugiés, la crise du capitalisme sont des problématiques féministes. C’est ainsi que, dans notre monde globalisé, la pensée et l’engagement féministe et ne peuvent pas et ne doivent pas rester une démarche occidentale réservée aux privilégiés. Nous sommes tous concernés.
Alors que signifie être une militante féministe aujourd’hui ? C’est faire d’un murmure du fond de la pièce une partie intégrante de la conversation.
http://yfa.awid.org/fr/2011/03/que-signifie-aujourd’hui-etre-une-militante-feministe/