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L'ÉCHO DES MURAILLES, L'ÉCHO DES ENTRAILLES. Une installation murale en pratique relationnelle de Nadia Nadege, artiste qui a permis la création de ce blogue pour un échange entre femmes vers leur meilleure conscience identitaire...
LE CORPS-MESSAGER Les Marcheurs de Vie est une autre installation en pratique relationnelle de la même artiste, qui fait suite aux poupées de tissu par des figurines de plâtre.

Guérir la blessure d'abandon - 17



GUÉRIR LA BLESSURE D'ABANDON (suite)
Par DANIEL DUFOUR
Extraits de son livre La blessure d'abandonLes Éditions de l'Homme, 2007

Exprimer les émotions générées par l'abandon

Reconnaître et ressentir ses émotions sont des pas en avant importants que l'abandonnique fait dans le processus de sa guérison, mais ils ne lui permettront pas à eux seuls de parvenir à celle-ci... Reconnaître que je suis malade et savoir pourquoi, en ressentir les effets dans mon corps et en parler aux autres éventuellement ne sont nullement synonymes de mieux-être ou de guérison; seul l'acte de vomir me permettra de me sentir mieux. Faire cette distinction est essentiel. Beaucoup de thérapies permettent en effet aux personnes en souffrance de reconnaître et de parler ouvertement de leur mal-être et de sa provenance; beaucoup de thérapies leur permettent de ressentir leur tristesse et leur colère. Mais la plupart soit ne vont pas plus loin, soit utilisent des techniques recourant au mental afin de transformer les "énergies négatives" en "énergies positives". Pour cette raison, toutes sont potentiellement dangereuses, car elles ne permettent aucunement à la personne souffrante de se libérer de sa souffrance qui est causée par le blocage, en elle, de l'émotion par le mental. Comprendre n'est pas l'équivalent d'exprimer, la compréhension ainsi que le fait de ressentir n'ont jamais amené à la guérison. Je rencontre depuis vingt ans, dans mon cabinet et ailleurs, des êtres ayant suivi un long parcours afin de comprendre l'origine de leur mal-être, mais qui ne vont pas mieux du tout...
Mais comment exprimer ses émotions? Cette question ne peut être posée que par un adulte. Un nourrisson ou un enfant en bas âge ne peut la poser, car lui sait, de façon innée, comment faire. Or, nous avons tous été un nourrisson! Mais notre éducation nous a appris que, lorsque nous ressentons de la tristesse ou de la colère, il est inutile de les exprimer, parce que cela ne fait pas avancer les. choses. Du fait de cette éducation, notre mental occupe donc de nouveau le devant de la scène et nous inhibe dans notre capacité innée à exprimer notre tristesse ou notre colère.


    La première étape va donc consister à éteindre notre mental et à nous remettre dans notre corps physique et sensoriel. Il peut paraître illogique de devoir se remettre dans le moment présent pour exprimer une émotion liée à un événement du passé, mais souvenons-nous. que même si l'événement appartient au passé, l'émotion n'ayant pas été vécue est encore "incrustée" dans notre être au présent. Il est par conséquent essentiel de revenir dans l'ici et maintenant afin de se permettre de prendre contact avec l'émotion bloquée par le mental.

    À présent que nous nous retrouvons dans notre corps physique et sensoriel, il est possible de passer à la deuxième étape: laisser remonter une scène du passé, au cours de laquelle nous ne nous sommes pas autorisés à vivre nos émotions. Il est important de s'arrêter à la première scène qui revient en mémoire et de résister au mental qui va essayer de présenter d'autres scènes. Un des pièges consiste à décrocher de cette scène, qui peut paraître au premier abord incongrue, au profit d'autres scènes, et de se perdre ensuite dans l'analyse afin de déterminer quelle est la plus significative. Bien évidemment, pendant ce temps, l'expression de l'émotion ne se fait pas et ne peut se faire. En admettant qu'après analyse le choix se porte sur une autre scène que celle qui a surgi en premier, il y a fort à parier que celle-ci sera beaucoup moins révélatrice que la première, apparue sans aucune intervention de la volonté ni du cerveau...


    La troisième étape va consister à revivre la scène en tant qu'acteur ou actrice et non en tant que spectateur ou spectatrice. Celui qui revoit ce qui s'est passé se trouve en effet en dehors de la scène, il est à nouveau entre les mains du mental qui se met aussitôt à juger et à dire quelle aurait été la réaction adéquate et opportune. Bref, le mental amène la personne à des conclusions dévalorisantes; surtout, il bloque de nouveau l'abandonnique dans sa marche vers la libération émotionnelle qui est la seule voie de guérison possible. Revivre la scène en tant qu'acteur ou actrice permet de remonter au moment le plus douloureux puis de faire un arrêt sur image; le but est alors de ressentir physiquement dans son corps la boule, le nœud ou toute autre tension qui se manifeste. Cette tension n'est pas de la tristesse ou de la colère, mais l'expression par le corps qu'il existe un blocage de ses émotions par le mental. Les signes donnés par le corps physique peuvent être très légers au départ, mais ils prennent de l'importance au fur et à mesure que le mental perd de son contrôle...