GUÉRIR LA BLESSURE
D'ABANDON (suite)
Par DANIEL DUFOUR
Extraits de son livre La
blessure d'abandon
Les Éditions de l'Homme,
2007
Quel signe le
corps de l'être humain lui donne-t-il afin de lui dire qu'il vit bien au
présent? Une détente que la personne ressent physiquement. Quel signe le
corps de l'être humain lui donne-t-il afin de lui dire qu'il ne vit pas au
présent? Une tension qui, lorsque la personne dispose d'un minimum de
conscience d'elle-même, est parfaitement perceptible physiquement. Cette
tension se manifeste sous diverses formes que la personne, si elle se situe par
rapport au futur, appelle "appréhension", "peur", "angoisse",
"panique", "phobie", selon son intensité; si la personne se
situe par rapport au passé, elle l'appellera plutôt "regrets",
"remords", "culpabilité", toujours selon son intensité.
Quel signe le corps de l'être humain lui donne-t-il quand ce dernier ne perçoit
plus, ne ressent plus, ne vit plus les émotions de joie, de tristesse ou de
colère? De nouveau, une tension, très perceptible sur le plan physique, qui
prend la forme d'un nœud, de crispations, d'une boule et d'une multitude
d'autres manifestations physiquement palpables. Dès que la personne souffrante
se donne à nouveau la permission de percevoir, de ressentir et de vivre ses
émotions, une détente quasi immédiate survient et elle le perçoit aussitôt
physiquement.
Nous pouvons
multiplier les exemples, nous verrons que, chaque fois que l'être humain bloque
ce qui fait de lui un être humain, son corps le lui dit immédiatement par une
tension plus ou moins intense. Ainsi, notre corps peut être considéré comme
notre meilleur ami, celui qui nous avertit du danger qu'il y a à ne plus être
dans le moment présent et en contact avec nous-mêmes. Le corps, à travers les
tensions qui l'animent, nous dit que notre mental est en train de prendre le
contrôle de notre personne. Comme nous l'avons déjà mentionné, le mental, ou
l'ego, est responsable de:
•
nous couper du moment présent et nous
précipiter dans le futur avec son cortège de peurs, d'angoisses et de perte de
confiance en soi, ainsi que dans le passé avec son lot de culpabilité et de
regrets;
•
nous couper de nos émotions à un point tel que
nous ne sommes parfois même plus conscients que nous en avons;
•
nous faire nous comparer aux autres avec ce
que cela implique: des jugements, l'impression d'être inférieur ou supérieur,
d'être normal ou anormal;
•
nous inciter à faire "ce que l'on
doit" et"ce qu'il faut faire", au mépris de ce que nous
désirons;
•
nous amener à toujours faire passer les autres
avant nous au risque de ne pas nous respecter;
•
nous empêcher d'avoir des envies et même des
non-envies;
•
nous empêcher de ressentir nos désirs et nos
non-désirs;
•
nous plonger dans des pensées vides et des
illusions;
•
nous empêcher d'être en contact avec ce qui
fait de nous des êtres à part entière, doués d'intuition, de créativité, et de
multiples autres qualités.