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L'ÉCHO DES MURAILLES, L'ÉCHO DES ENTRAILLES. Une installation murale en pratique relationnelle de Nadia Nadege, artiste qui a permis la création de ce blogue pour un échange entre femmes vers leur meilleure conscience identitaire...
LE CORPS-MESSAGER Les Marcheurs de Vie est une autre installation en pratique relationnelle de la même artiste, qui fait suite aux poupées de tissu par des figurines de plâtre.

Guérir la blessure d'abandon - 11



GUÉRIR LA BLESSURE D'ABANDON (suite)
Par DANIEL DUFOUR
Extraits de son livre La blessure d'abandonLes Éditions de l'Homme, 2007

2. Reconnaître, ressentir et exprimer ses émotions

Comme nous venons de le voir, la première étape est essentielle. À moins d'éteindre son mental, il est illusoire et impossible d'accéder aux émotions. Une émotion ne peut en effet être reconnue, ressentie et exprimée tant que le mental est en activité puisque le rôle de ce dernier est de nous couper de ce que nous ressentons. Souvenons-nous aussi de ce que l'abandonnique a énormément de difficulté à s'accorder le droit de ressentir les émotions de colère liées à son abandon. Il est par conséquent capital qu'il puisse se retrouver dans son corps physique et sensoriel afin de s'autoriser à évoluer sur le plan émotionnel.

Reconnaître les émotions générées par l'abandon peut être difficile pour de multiples raisons. Ces raisons, nous allons le voir, sont toutes liées au mental. La personne souffrant d'abandonnite a vécu un événement initial lors duquel elle s'est sentie abandonnée. Sa réalité est par conséquent d'avoir été délaissée, par une ou plusieurs personnes, à un âge où l'enfant qu'elle était se trouvait dans l'impossibilité de survivre par lui-même et dans une dépendance absolue vis-à-vis des personnes qui le rejetaient. 

Qui plus est, l'abandon est, d'une part, un acte qui dure un certain temps, de quelques heures à quelques années, et, d'autre part, un acte perpétré par des êtres proches de celui qui subit cette violence. Le choix de la victime est alors simple: soit mourir et nous avons vu qu'une partie des victimes font ce choix, soit vivre, mais en se protégeant de l'agression vécue...

Le mental... est à la source de nombreux actes qui sont devenus des sortes de "réflexes conditionnés". C'est ainsi que l'abandonnique abandonne l'autre avant de l'être lui-même, ou ne s'investit pas dans une relation par peur de souffrir, comme nous l'avons vu dans les chapitres précédents. 

La personne souffrant d'abandonnite est très bien équipée pour ne pas reconnaître qu'elle a des émotions et ne pas s'accorder le droit d'avoir ces émotions. Cette reconnaissance va pourtant devoir se faire, en trois étapes:
    reconnaître l'abandon;
    reconnaître les émotions liées à l'abandon;
    s'accorder le droit d'avoir des émotions, de les ressentir et de les exprimer.

Si la personne souffrante ne passe pas par ces trois étapes, elle persistera à nier le fait qu'elle a été l'objet d'un acte d'une violence extrême et continuera à subir toutes les conséquences liées à cette non-reconnaissance. De plus, il lui sera impossible de ressentir ses émotions, passage obligatoire avant de pouvoir les exprimer. 

Cela dit, souvenons-nous de cette règle d'or: il est absolument contreproductif d'essayer de prouver à une personne souffrant d'abandonnite qu'elle a été abandonnée. Seule elle-même est capable de parvenir à cette conclusion, et il n'appartient à personne, pas plus aux thérapeutes qu'aux autres, de le faire à sa place.