GUÉRIR LA BLESSURE
D'ABANDON (suite)
Par DANIEL DUFOUR
Extraits de son livre La
blessure d'abandon
Les Éditions de
l'Homme, 2007
Reconnaître
l'abandon
Nous avons
déjà vu que l'abandonnique est passé maître dans les manœuvres d'évitement
lorsqu'on aborde avec lui la cause de ses souffrances. De plus, il est très
souvent parvenu à"oublier" l'événement initial. Certes, celui-ci
reste parfaitement imprimé dans son subconscient, mais il n'est plus présent à
sa conscience. C'est souvent à partir d'un dialogue ou d'une lecture que la
personne souffrante accepte de commencer à se poser la question de savoir si
elle a pu être victime d'une "chose pareille".
Les mots ont leur
importance et le mot "abandon" est le plus souvent inacceptable pour
une personne souffrant d'abandonnite. Il est en effet trop fort et trop
"chargé" pour pouvoir d'emblée être adopté par celle-ci. Le plus
souvent, un événement vécu remonte à la surface: "C'est à la suite de la
séparation d'avec ma femme que j'ai commencé à me sentir mal", me disait
Jacques. Mais cet événement, pour celui qui le subit, n'est pas lié à un
abandon. Il est la suite logique de ce qui a été vécu, et non vécu, par un
abandonnique qui s'ignore...
Nous n'en
sommes pas encore au stade de la découverte de l'abandon initial, celui de la
prise de conscience de l'iceberg que cache l'événement actuel. Nous en sommes
au moment de l'initiation à une démarche visant à aboutir, à plus ou moins long
terme, à la découverte d'un événement premier; démarche qui doit permettre à
l'abandonnique d'aller de l'avant dans la guérison définitive de son
abandonnite. Nous n'en sommes encore qu'au niveau intellectuel de
l'acceptation, avec le cerveau, du fait qu'il y a eu un acte d'abandon, même si
le mot n'est pas celui qui est utilisé.