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L'ÉCHO DES MURAILLES, L'ÉCHO DES ENTRAILLES. Une installation murale en pratique relationnelle de Nadia Nadege, artiste qui a permis la création de ce blogue pour un échange entre femmes vers leur meilleure conscience identitaire...
LE CORPS-MESSAGER Les Marcheurs de Vie est une autre installation en pratique relationnelle de la même artiste, qui fait suite aux poupées de tissu par des figurines de plâtre.

Guérir la blessure d'abandon - 13



GUÉRIR LA BLESSURE D'ABANDON (suite)
Par DANIEL DUFOUR
Extraits de son livre La blessure d'abandonLes Éditions de l'Homme, 2007

Reconnaître les émotions liées à l'abandon

Du fait de notre mental, le mot"abandon", ou ses synonymes, peut rester un simple mot et n'être relié à aucune émotion. Je suis toujours étonné de notre capacité à prononcer des mots sans ressentir du tout l'émotion qui se trouve derrière. L'abandonnique ne fait pas exception à cette règle. Après avoir accepté intellectuellement qu'il a été quitté ou abandonné par l'autre, il a l'impression (ou il fait semblant!) d'en avoir terminé avec son traitement. Il n'en est évidemment rien, car une reconnaissance intellectuelle n'est en aucun cas synonyme de mieux-être... Il va donc falloir que la personne souffrante se pose la question de ce qu'elle ressent comme émotion.

Que peut-on ressentir lorsque l'on est abandonné ou que l'on se sent abandonné? Le mot "ressentir" est très souvent interprété par la personne comme une invitation à dire ce qu'elle pense du fait qu'elle a été abandonnée. Elle va par conséquent partir dans une grande diatribe sur ce qu'elle pense ou ne pense pas par rapport à cet acte. Si elle réalise que la question posée ne concerne pas ce qu'elle pense, mais bien ce qu'elle ressent un silence règne souvent, car pas plus que la plupart d'entre nous elle n'est habituée à se pencher sur ses émotions, trop occupée à réfléchir avec son brillant mental.


Après ce moment de silence, un autre type de réponse est parfois fait: "Je me sens abattu, fatigué" ou "Je suis sans ressort, comme épuisé", ou encore: "Je me sens démotivé." Il arrive aussi que la personne décrive ce dont elle souffre sur le plan physique... La question s'impose alors naturellement: "Que ressentez-vous?" Deux réponses sont possibles, car il n'y a pas pléthore de familles d'émotions: la tristesse ou la colère. En se penchant sur le sujet de façon intellectuelle (puisque nous en sommes toujours à ce niveau!), l'abandonnique, par réflexe, se refuse le droit d'être triste: "Je n'ai pas pour habitude de m'apitoyer sur moi-même", dit-il; il ne s'autorise pas davantage à être en colère "Je ne suis pas quelqu'un de colérique." S'il accepte d'avancer dans sa réflexion, la tristesse va souvent lui apparaître comme plus acceptable - car mieux acceptée! - que la colère. Il va cependant minimiser sa tristesse; il dira, par exemple, qu'il est triste "mais pas énormément" ou que sa tristesse n'est pas assez importante pour qu'il pleure. Toutes les excuses lui sont bonnes pour ne pas accepter réellement et franchement que l'acte d'abandon qu'il a subi génère inévitablement de la tristesse.


Inutile de dire que, vis-à-vis de la colère, le mental va se déchaîner. En fait, il va tout faire pour nier cette émotion qui est pourtant au cœur de tout abandon. Tout d'abord, le mot "colère" est souvent repoussé avec force; il est en effet "trop fort" pour beaucoup de personnes. La tolère a une connotation négative, et elle est trop souvent associée à la violence verbale ou physique dont sont victimes nombre d'enfants et d'adultes. En réalité, la colère est confondue avec la rage. Il est pourtant essentiel de faire la différence entre l'émotion de colère et la rage qui est, elle, une construction de notre mentaL La famille des colères est absolument nécessaire à la vie de l'individu, au même titre que la famille des joies et celle des tristesses. L'enfant qui vient de naître n'éprouve ni peurs ni remords, il n'exprime aucune rage, pas plus qu'il ne fait de dépression nerveuse, tout simplement parce que son mental n'existe pas.