BIENVENUE

L'ÉCHO DES MURAILLES, L'ÉCHO DES ENTRAILLES. Une installation murale en pratique relationnelle de Nadia Nadege, artiste qui a permis la création de ce blogue pour un échange entre femmes vers leur meilleure conscience identitaire...
LE CORPS-MESSAGER Les Marcheurs de Vie est une autre installation en pratique relationnelle de la même artiste, qui fait suite aux poupées de tissu par des figurines de plâtre.

Séisme et tsunami au Japon : mails d’une amie tokyoïte

http://www.toutpourlesfemmes.com/~conseil299/Seisme-a-Tokyo-Une-amie-japonaise.html

Yoshiko M., professeure de français dans une grande université de Tokyo, nous écrit
impressionEnvoyer l'article � un ami title=


Chère N.
Ouf ! Je viens de rentrer à la maison à minuit, après un périple de 7 heures. Je vais bien et K aussi. Y n’a pas pu rentrer ce soir mais il a téléphoné de la fac.
Le séisme m’a surprise dans mon bureau à l’université en train de parler avec un étudiant. C’est lui qui m’a d’abord alertée, puis il est allé soutenir des étagères qui commençaient à onduler. Il m’a fallu quelques secondes avant de me rappeler le B A BA des séismes : ouvrir la porte pour assurer une issue.
Le bâtiment continuant à onduler et les livres commençant à pleuvoir, nous sommes sortis dans le couloir. Des collègues y étaient déjà. L’un d’entre eux nous a dit qu’il n’avait jamais vu un tel séisme dans ses 64 ans de vie.
Certains bureaux étaient couverts d’une couche de livres de 50 cm au moins et dans certains, les livres étant tombés derrière la porte, il n’était plus possible d’y entrer.
On nous a dit de descendre dans le parc à côté et de là nous avons pu voir les façades des immeubles ondoyer.
Tous les trains et les métros étant arrêtés, j’ai rejoint le fleuve des gens marchant vers la banlieue. Après trois heures de marche, je suis arrivée à la gare de Shinjuku où il y avait foule. Je me suis dit qu’il n’était pas prudent d’y rester et je suis allée dans un hôtel de luxe. C’était un véritable camp de réfugiés. Les invités aux mariages et aux fêtes de fin d’études n’ayant pas pu rentrer chez eux, ainsi que les gens comme moi, cherchant à se réchauffer, tout le monde était assis ou étendu sur le tapis dans les couloirs et les salles de banquet. Les portables ne fonctionnant plus, j’ai dû faire la queue pendant une heure pour téléphoner à K. de venir me chercher en voiture.
Les ministères, les halls, les écoles et les universités, partout les édifices publics recueillent les gens, innombrables, qui n’ont pas pu rentrer chez eux. Heureusement que le tremblement a eu lieu dans l’après-midi, il y a eu peu d’incendies à Tokyo. Mais ce n’est pas le cas partout.
Je t’embrasse et je te remercie d’avoir pensé à nous.
Yoshiko


Chère N.
Ce n’est qu’aujourd’hui que nous commençons à prendre la mesure du désastre.
La vie continue, j’ai eu des réunions aujourd’hui, mais le personnel de l’université était manifestement épuisé. Ils ont passé la nuit à accueillir dans nos locaux des gens qui n’ont pas pu rentrer chez eux et les étudiants restés en panne (en prenant bien soin d’allouer un étage aux filles et un autre aux garçons !)..
Mais c’est surtout les images à la télévision que nous n’avions pas pu voir hier ; les nouvelles très inquiétantes de la centrale nucléaire et surtout les pertes humaines qui choquent. Alors qu’on comptait déjà des dizaines et des centaines de morts, comme ça tout à coup, plus de 24 heures après le séisme, nous apprenons avec stupeur qu’une communauté de 17.000 habitants n’a pu retrouver que 7.000 des siens. La côte nord qui a été touchée est une côte à rias, découpée comme une série d’entonnoirs face aux tsunamis...
Je t’embrasse
Yoshiko